La CPS devait juger à partir de mardi trois membres d'un des plus puissants groupes armés qui terrorisent les populations depuis des années, les 3R (Retour, Réclamation et Réhabilitation), Issa Sallet Adoum, Ousman Yaouba et Tahir Mahamat pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité présumés.
Les trois hommes sont accusés du massacre en mai 2019 de 46 civils dans des villages du nord-ouest du pays. Dès l'ouverture du procès, Aimé-Pascal Delimo, président de la chambre d'assises de la CPS, a constaté "l'absence" des avocats de la défense. "Nous suspendons l'audience pour un renvoi le 25 avril", a-t-il déclaré.
"Ce faux départ montre que le fonctionnement de la CPS reste difficile malgré l'appui des bailleurs internationaux", a déclaré à l'AFP Enrica Picco, directrice du projet Afrique centrale du centre de réflexion International Crisis Group (ICG).
Créée en 2015 par le gouvernement avec le parrainage de l'ONU, mais dont les travaux ont été lancés seulement en octobre 2018 avec les premières enquêtes, la CPS est composée de juges et procureurs nationaux et internatiounaux originaires notamment de France, du Togo et de RDC. Elle est chargée de juger les crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis depuis 2003 en Centrafrique.
La CPS "est définitivement entrée dans sa phase opérationnelle marquant ainsi le glas contre l'impunité", a de son côté déclaré en préambule Arnaud Djoubaye Abazène, ministre de la Justice.
Si la CPS est louée par certains comme un modèle de justice à exporter dans d'autres pays en guerre civile ou qui s'en relèvent, d'autres doutent de son efficacité tant elle a tardé à ouvrir son premier procès, pour trois criminels de guerre présumés.
"Malheureusement les avocats des bourreaux ne sont pas venus (...) on sort de ce premier jour avec les larmes aux yeux", a déclaré à l'AFP Euphrasie Nanette Yanduka présidente d'une association de victimes.
La Centrafrique, deuxième pays le moins développé au monde selon l'ONU, a connu depuis 2013 une guerre civile, qui considérablement baissé d'intensité depuis 2018.
Confronté à une offensive rebelle il y a plus d'un an, le pouvoir a reçu le renfort de centaines de paramilitaires russes pour la repousser, des "mercenaires" de la compagnie privée Wagner selon l'ONU, la France et des ONG qui accusent les deux camps de commettre des crimes contre les civils.