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L'Unicef met en garde contre une "catastrophe" pour 24 millions d'enfants au Soudan


Des enfants déplacés qui ont fui les violences de deux généraux soudanais rivaux, se reposent sur un lit dans la cour de l'université d'Al-Jazira, transformée en abri de fortune, à al-Hasahisa au sud de Khartoum, le 8 juillet 2023. (Photo AFP)
Des enfants déplacés qui ont fui les violences de deux généraux soudanais rivaux, se reposent sur un lit dans la cour de l'université d'Al-Jazira, transformée en abri de fortune, à al-Hasahisa au sud de Khartoum, le 8 juillet 2023. (Photo AFP)

Les 24 millions d'enfants au Soudan vivront la "catastrophe d'une génération" si la guerre qui dure depuis près de neuf mois se poursuit, a déclaré à l'AFP la patronne de l'Unicef dans ce pays pauvre d'Afrique de l'Est.

"Le conflit au Soudan met gravement en danger la santé et le bien-être des 24 millions d'enfants, et donc l'avenir du pays, avec de lourdes conséquences pour l'ensemble de la région", a mis en garde Mandeep O'Brien, du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef), dans un entretien à l'AFP.

"C'est l'avenir du pays qui est en jeu: près de 20 millions d'enfants n'iront pas à l'école au Soudan cette année si aucune action urgente n'est mise en oeuvre", a-t-elle ajouté.

La guerre dévastatrice entre le chef de l'armée, Abdel Fattah al-Burhane, et le patron des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), Mohamed Hamdane Daglo, a déjà fait plus de 12.000 morts depuis le 15 avril, selon une estimation de l'ONG Armed Conflict Location & Event Data Project (Acled). Elle a aussi déplacé plus de sept millions de personnes, ce qui constitue selon l'ONU "la plus importante crise des déplacés au monde". Parmi elles figurent "3,5 millions d'enfants", rappelle Mme O'Brien.

Dans cet immense pays de 48 millions d'habitants, rares sont les provinces épargnées par les violences ou les pénuries et les pillages: "14 millions d'enfants ont besoin d'une aide humanitaire d'urgence", souligne-t-elle encore.

Avant la guerre déjà, un Soudanais sur trois souffrait de la faim et sept millions d'enfants n'étaient pas scolarisés, particulièrement dans les zones rurales où vivent près de deux tiers des habitants. La guerre est venue ajouter à ces défis nés de la pauvreté et des conflits à répétition dans le pays pourtant troisième producteur d'or en Afrique et sorti en 2019 de trente années de dictature islamo-militaire d'Omar el-Béchir.

"Impact inimaginable"

Aujourd'hui, assure Mme O'Brien, "des millions d'enfants sont exposés à de nombreux risques: la mort, les blessures, l'enrôlement, la violence, le viol". L'ONU et les ONG ne cessent de mettre en garde contre l'utilisation d'enfants-soldats au Soudan, où paramilitaires et miliciens tribaux ont de longue date eu recours à des enfants.

Actuellement, avec la quasi-totalité des infrastructures détruites ou pillées et de nombreuses attaques contre les humanitaires, rapporte encore Mme O'Brien, "7,4 millions d'enfants n'ont pas accès à de l'eau potable et plus de 3,5 millions d'enfants de moins de cinq ans risquent de contracter des maladies liées aux conditions d'hygiène comme le choléra" qui a déjà fait des dizaines de morts au Soudan ces derniers mois.

"L'impact sur les enfants est inimaginable", affirme Mme O'Brien alors qu'en octobre déjà, l'Unicef estimait que "700.000 enfants souffrent de malnutrition aiguë sévère et 100.000 enfants ont besoin d'un traitement vital contre la malnutrition aiguë accompagnée de complications médicales".

Quant aux enfants à venir, eux aussi, sont en danger. "En 2024, 1,3 million d'enfants vont naître et il faudra un soutien professionnel aux mères", affirme la responsable de l'ONU, alors que la plupart des hôpitaux du pays, déjà en nombre insuffisant avant la guerre, ne peuvent plus opérer.

De son côté, Human Rights Watch (HRW) a dénoncé dans un rapport publié jeudi les "violations massives" des droits des civils au Soudan par les deux généraux en guerre, notant surtout l'"impunité" qui a entraîné des "cycles de violence répétés" dans le pays depuis vingt ans.

L'ONG de défense des droits humains dénonce aussi le deux poids deux mesures: "les gouvernements occidentaux ont d'abord refusé de soutenir un mécanisme permettant de faire rendre des comptes au Soudan, car ils ne voulaient pas fournir les mêmes ressources et les mêmes efforts déployés pour un mécanisme similaire sur l'Ukraine".

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