Le guide suprême d'Iran, l'ayatollah Ali Khamenei, a récité la prière des morts devant les cercueils d'Ismaïl Haniyeh et de son garde du corps couverts du drapeau palestinien. Le chef du mouvement islamiste palestinien doit être enterré vendredi au Qatar où il vivait en exil.
Portant des portraits de Haniyeh et des drapeaux palestiniens, des milliers de personnes se sont rassemblées à l'Université de Téhéran, selon un correspondant de l'AFP sur place.
Le président iranien Massoud Pezeshkian ainsi que le chef des Gardiens de la révolution, l'armée idéologique du pays, Hossein Salami, étaient présents.
Mercredi avant l'aube, Ismaïl Haniyeh, 61 ans, a été tué dans l'une des résidences spéciales pour les vétérans de guerre des Gardiens de la Révolution, après avoir assisté à la cérémonie d'investiture de M. Pezeshkian. Il a été tué par un "projectile aérien" selon les médias locaux.
L'Iran et le Hamas ont accusé Israël, leur ennemi juré, et promis de venger la mort d'Ismaïl Haniyeh, tué quelques heures après le commandant du Hezbollah libanais Fouad Chokr visé par une frappe israélienne mardi soir dans la banlieue sud de Beyrouth.
"Au bon moment et endroit"
Mercredi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé qu'Israël avait porté "des coups sévères" à ses "ennemis", en mentionnant explicitement l'élimination de Fouad Chokr, mais sans commenter l'attaque de Téhéran.
Ces opérations font redouter un embrasement régional lié à la guerre dévastatrice à Gaza entre Israël et le Hamas, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement palestinien sur le sol israélien le 7 octobre.
Selon le New York Times citant trois responsables iraniens non identifiés, l'ayatollah Khamenei a, lors d'une réunion d'urgence du Conseil suprême de sécurité nationale mercredi matin, donné l'ordre de frapper directement Israël, en riposte à l'assassinat de Haniyeh.
Le 13 avril, l'Iran a lancé une attaque sans précédent de drones et de missiles sur le territoire israélien, en représailles à une frappe contre le consulat iranien à Damas le 1er avril, attribuée à Israël. La plupart des projectiles iraniens ont été interceptés par Israël avec l'aide des Etats-Unis et d'autres pays.
Aussitôt après l'attaque à Téhéran, le guide suprême a menacé Israël d'un "châtiment sévère". "Il est de notre devoir de venger le sang (de Haniyeh) versé sur le territoire (iranien)".
"Nous mettrons certainement en œuvre l'ordre du guide suprême", "au bon endroit et au bon moment", a déclaré le président du Parlement iranien, Mohammad Bagher Ghalibaf, lors des funérailles.
Présent à la cérémonie, un responsable du Hamas, Khalil al-Hayya, a affirmé que les Palestiniens "pourchasseront Israël jusqu'à ce qu'il soit déraciné de la terre de Palestine".
"Rompez le cycle"
La guerre à Gaza a entraîné un cycle de violences entre l'armée israélienne et les alliés de l'Iran au Liban, au Yémen et en Syrie qui ont lancé des attaques contre Israël.
"Le Moyen-Orient est sur la voie de la multiplication des conflits, de la violence, de la souffrance. Il est essentiel de rompre ce cycle, et cela commence par un cessez-le-feu à Gaza sur lequel nous travaillons", a déclaré le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken.
Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d'Israël ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.197 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Sur 251 personnes alors enlevées, 111 sont toujours retenues à Gaza, dont 39 sont mortes, selon l'armée.
En riposte, Israël a promis de détruire le Hamas, au pouvoir depuis 2007 à et qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne.
Son armée a lancé une offensive à Gaza qui a fait jusqu'à présent 39.445 morts, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas, qui ne donne pas d'indications sur le nombre de civils et de combattants.
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