A la suite du décès, la semaine dernière à 87 ans, de John H Johnson, Jean-Claude André de la VOA revient sur la vie de ce fondateur et PDG de la Johnson Publishing Company, maison de presse qui publie deux hebdomadaires très prisés de la communauté noire aux Etats Unis : Ebony et Jet.
John H. Johnson était considéré comme une figure emblématique du «rêve américain », l’incarnation du mouvement pour les droits civiques mais aussi un homme d’affaires révolutionnaire. Il publiait des livres mais il était aussi le propriétaire de Fashion Fair Cosmetics, un fabriquant de produits de beauté. Johnson possédait, en outre, plusieurs stations de radio ainsi qu’une participation majoritaire dans une compagnie d’assurance vie, lav Supreme Liberty Life Insurance. John H. Johnson restera dans l’histoire de l’Amérique comme l’homme qui s’est fait à la force du poignet, par son travail et sa farouche détermination à réussir.
Johnson avait coutume de dire « l’échec est un mot que je me refuse à accepter ». En 1942, il démarre sa première publication, le Negro Digest, avec un prêt de 500 dollars, gagé sur les meubles de sa mère. Depuis lors, on ne compte plus ses succès, puisqu’il se retrouve à la tête d’un groupe d’une valeur de près de 500 millions de dollars...
En 1982, John H. Johnson est le premier africain américain à figurer au palmarès de la revue Forbes des quatre cents Américains les plus riches. En 1989, il sort son autobiographie intitulée « Succeeding Against the Odds » qu’on pourrait traduire par « Comment réussir envers et contre tout, » livre qui deviendra un best seller. Né en 1918 dans l’Arkansas, Johnson H. Johnson est élevé par sa mère, qui est veuve. Celle-ci s’installe à Chicago, en 1933, pour permettre au jeune Johnson d’aller au lycée car, à l’époque, dans sa ville natale d’Arkansas City, les noirs ne pouvaient pas aller au-delà de l’enseignement primaire. Après de brillantes études secondaires, Johnson H. Johnson décroche une bourse pour l’université de Chicago. La journée, il travaille comme employé de bureau dans une compagnie d’assurance, - la Supreme Life Insurance et prend des cours du soir.
A l’époque, il n’y avait pas de revues proprement destinées à la communauté noire aux Etats Unis, ce qui donne à Johnson l’idée de lancer le Negro Digest en demandant aux gens de lui faire un don de deux dollars chacun pour la publication. Trois mille personnes répondent favorablement à son appel et au bout d’un an, le Negro Digest se vend à cinquante mille exemplaires... En novembre 1945, cette parution fait peau neuve et devient Ebony, revue hebdomadaire inspirée de Life Magazine. La caractéristique essentielle d’Ebony c’est de s’intéresser aux noirs qui réussissent, de parler de ce qu’ils accomplissent de positif dans tous leurs domaines d’activités, - qu’il s’agisse des affaires, des arts ou encore de la politique... Aujourd’hui, Ebony est une belle réussite, il tire à un million sept cent mille exemplaires.
Quant à Jet, l’autre hebdomadaire de Johnson, lui couvre essentiellement sous forme de photos et de textes très courts, les vedettes du spectacle mais aussi les milieux d’affaires et de la politique. Philantrope, Johnson donnait son argent à toutes sortes de causes et notamment Howard University, l’université noire de Washington qui a reçu de lui quatre millions de dollars.
Pour le révérend Jesse Jackson, leader des droits civiques qui travailla avec Johnson pendant quarante ans pour la promotion d’Ebony et de Jet, Johnson a donné aux Africains américains le premier miroir où ils peuvent se voir empreints de dignité, d’intelligence et de beauté.... »
Pour Bobby Rush, député démocrate de l’Illinois, Johnson a eu le mérite, pendant plus de soixante ans, de faire la chronique des succès et des triomphes de la communauté noire, choses que d’autres médias choisissaient souvent d’ignorer.
Par ses publications, Johnson H. Johnson a donné aux Africains américains une voix retraçant les grandes étapes de leur histoire.....