C’est officiel: les Etats Unis comptent désormais plus de 300 millions d’habitants. Ce seuil historique a été franchi mardi, à 11:46 T.U. selon le bureau américain du recensement. Il s’agit bien sûr d’une approximation car il n’est pas simple de déterminer avec une précision totale le nombre exact d’habitants d’un pays, d’autant que les Etats Unis comptent des millions de clandestins.
Selon le bureau du recensement, les Etats Unis enregistrent un nouveau citoyen toutes les onze secondes; un calcul qui tient compte du fait qu’en moyenne, un Américain naît toutes les sept secondes, un autre meurt toutes les 13 secondes et un immigrant arrive dans le pays toutes les 31 secondes.
Il est impossible d’identifier la personne qui a permis d’atteindre le seuil des 300 millions d’habitants. Cependant, selon les analystes, il pourrait très bien s’agir d’un Hispanique, cette tranche de la population originaire des pays de langue espagnole et qui connaît à l’heure actuelle le taux de croissance démographique le plus rapide du pays. Il aura fallu près de 40 ans aux Etats Unis pour passer de 200 à 300 millions d’habitants.
Le seuil des 200 millions avait en effet été franchi le 20 novembre 1967, selon les estimations. En moyenne, la population du pays augmente d’environ un pour cent par an, un taux soutenable pour un pays industrialisé. Cependant, les Américains commencent à s’inquiéter de l’impact de l’accroissement de leur population sur l’environnement, les ressources énergétiques et la société.
Pour Janet Larson, directrice de l’ONG Earth Policy Institute , l’Institut politique de la Terre , ici à Washington, ce nouveau cap devrait susciter une réflexion. « Plus de gens il y a, plus vous devez partager des ressources déjà rares. Lorsqu’on ajoute des habitants, on leur demande de partager la même quantité limitée d’eau, d’utiliser les mêmes infrastructures de transport. Ces 300 millions de personnes, elles vont toutes vouloir user de l’énergie, ce qui aura un impact sur l’environement, » explique Janet Larson.
Cela devrait motiver les américains à mieux gérer leurs ressources, fait valoir de son côté le démographe Thomas Buettner des Nations unies. La population américaine a déjà connu d’autres périodes d’expansion, notamment après la Seconde guerre mondiale, la période de l’explosion démographique dite des Baby Boomers, les enfants des GIs rentrés au pays et qui avaient profité de la croissance de l’économie et de l’amélioration des soins de santé pour s’établir et fonder de grandes familles.
Au cours des 40 dernières années, le taux de fertilité s’est effondré. Et de nos jours, l’américaine moyenne donne naissance à un peu plus de deux enfants. Sauf si elle est hispanique. Selon le démographe Thomas Buettner de l’ONU, le vrai défi pour les Etats Unis - tout comme les autres pays industrialisés - ne sera pas la croissance de leur population, mais son vieillissement. Plus de 12 pour cent des Américains ont déjà plus de 65 ans. Au cours des prochaines décennies, l’impact de ces gens du troisième âge sur l’économie et les services sociaux sera profond, ajoute l’expert.