Le Conseil des relations américano-islamiques (CAIR) est l'organisme de défense des libertés civiques des musulmans le plus important des États-Unis. Il compte 33 branches aux États-Unis et au Canada et s'est donné pour mission de mieux faire comprendre l'Islam, d'encourager le dialogue, de protéger les libertés civiques et de forger des coalitions qui soutiennent la justice et la compréhension mutuelle.
Dans son rapport annuel, le conseil signale que les musulmans américains font de plus en plus l’objet de pratiques discriminatoires et de harcèlement. Selon Nihad Awad, directeur exécutif du conseil, la tendance avait commencé, il y a une dizaine d’années, comme l’avait fait remarquer à l’époque l’organisation.
«Nous avons noté une augmentation de 25 pour cent du nombre total des plaintes pour préjugés anti-musulmans entre 2005 et 2006. Ce qui est alarmant, puisque nous n’avons pas constaté de réduction majeure de ces cas depuis que nous avons commencé à les signaler» a déclaré M. Awad.
Dans son rapport, le conseil dresse une liste de plus de 2.400 incidents anti-musulmans aux États-Unis en 2006, contre 1.900 en 2005. Il s’agit de violences, discrimination ou harcèlement. Parmi les plus touchés: les musulmans qui cherchent à se faire naturaliser américains, explique Arsalan Iftikhar, l’auteur du document.
«Parmi ces types d’abus présumés, celui qui se développe le plus est le délai dans l’accès à la citoyenneté» déclare M. Iftikhar.
Si le conseil a pu déterminer que les musulmans ont de plus en plus de mal à obtenir la nationalité américaine, il reconnaît qu’il est impossible de fournir des chiffres précis, du fait que les Services de la citoyenneté et de l'immigration des États-Unis ne séparent pas les demandes, selon la race, religion ou l’appartenance ethnique des postulants.
En tout cas, Chris Rhatigan, une responsable des Services de la citoyenneté et de l'immigration, dément fermement ces allégations. En fait, les services sont débordés, et la liste d’attente est longue, même si elle diminue progressivement, dit-elle. A l’heure actuelle, il ne faut pas plus de 7 mois pour être naturalisé, ajoute la responsable. Ce qui prend beaucoup de temps, admet-elle, ce sont les vérifications d’antécédents dans les pays d’origine, parce que les enquêteurs doivent examiner les cas d’immigrants en provenance d’un grand nombre de pays. Et il n’est pas possible pour les Services de la citoyenneté et de l'immigration d’accorder la nationalité américaine à un étranger, tant que toutes les conditions n’ont pas été remplies, fait-elle valoir.
En moyenne, ajoute Mme Rhatigan, plus d’un million de personnes entament chaque année la procédure de naturalisation, un chiffre considérable.
Entre temps, le Conseil des relations américano-islamiques dit qu’il recommandera au gouvernement américain d’allouer davantage de fonds aux Services de la citoyenneté et de l'immigration. De toute façon, le Congrès américain semble être du même avis, puisque des projets de loi déposés au Sénat, tout comme à la Chambre des représentants, prévoient l’allocation de crédits supplémentaires au FBI et autres agences chargées de vérifier les antécédents des candidats à la citoyenneté américaine.