Les ministres de l’agriculture et du commerce des pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont tenu une réunion d’urgence lundi, à Abuja au Nigeria, pour définir une stratégie commune face à la hausse des prix des denrées alimentaires. La CEDEAO reconnaît que cette flambée des prix pose un danger grave pour la stabilité et à la croissance économique dans la région.
Le maintien de prix élevés dans le secteur « denrées alimentaires » pourrait causer de sérieux dégâts aux fragiles économies des pays de la communauté, estiment les experts. Ces derniers parlent aussi de menace politique et rappellent que des milliers de manifestants sont descendus dans les rues, dans toute l’Afrique de l’Ouest, pour protester contre la hausse vertigineuse des prix des vivres dans leur région, l’une des plus pauvres du globe.
D’où l’appel urgent lancé par le ministre des finances du Nigeria, Shamsudeen Usman, à la réunion d’un jour à Abuja. Il a exhorté les participants à prendre des mesures immédiates pour éviter l’avènement du chaos et de l’anarchie. « La crise a intensifié l’agitation sociale, et même provoqué dans les pays membres des émeutes qui compromettent la paix et la stabilité, deux pré-conditions indispensables pour la croissance. Cette crise qui nous préoccupe exige que nous recherchions des solutions régionales à une situation grave », a déclaré M. Usman, ajoutant que les pays devront préparer une solution d’urgence pour fournir des vivres aux « énormes populations, tout en mettant au point une solution à long et moyen terme pour faire face à notre manque d’autosuffisance alimentaire. »
Les experts évaluent à plus de 11 milliards de dollars les fonds nécessaires pour combattre les pénuries de vivres dans la région. Or, seuls le Nigeria et la Côte d’Ivoire produisent du pétrole en Afrique de l’Ouest… ce qui signifie que les pays les plus pauvres de la CEDEAO doivent faire face en plus aux retombées négatives de la hausse persistante des prix du carburant.
« Face à cette situation critique au plan alimentaire, il faut souligner qu’un certain nombre de pays membres ont dû interdire temporairement les exportations de vivres, menaçant encore plus la stabilité du marché régional des denrées alimentaires. Il y a donc nécessité urgente, au terme d’une vision communautaire des choses, d’associer aux réponses nationales une réponse globale régionale », a souligné Mohammed Ibn Chambas, président de la Commission de la CEDEAO.
La CEDEAO s’attend à ce que le PNB total des pays membres atteignent le chiffre record de 230 milliards de dollars en 2008, avec un taux annuel de croissance d’environ 5%. Mais les progrès attendus pourraient être réduits à néant si la crise alimentaire actuelle n’est pas résolue. Pour sa part, l’Onu évalue à environ 33 millions le nombre d’enfants en bas âge menacés de famine et de malnutrition en Afrique sub-saharienne.