Des responsables du département d'Etat à Washington reconnaissent qu'il y a un débat interne sur l'opportunité d'ouvrir une section d'intérêts américains à Téhéran. La question a fait l'objet, lundi, d'un article dans les colonnes du Washington Post.
Cette idée va apparemment à l'encontre de la politique de l'administration Bush. Celle-ci souhaite en effet isoler l'Iran en raison de son refus de cesser son programme d'enrichissement de l'uranium. Interrogée, mardi, par des journalistes, dans un avion à destination de l'Europe, la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice s'est refusée à tout commentaire sur les délibérations internes de l'administration américaine. Quelques heures plus tard, l'agence officielle iranienne IRNA a dit que Téhéran serait, en principe, disposé à examiner une telle requête au cas où celle-ci serait formulée par Washington.
Les relations entre les Etats-Unis et l'Iran sont rompues depuis la révolution islamique iranienne de 1979. A l'époque, des étudiants avaient pris d'assaut l'ambassade américaine à Téhéran, et retenu certains de ses diplomates en otage pendant plus d'un an. Cependant, des représentants des deux pays se sont rencontrés au fil des ans.
« Nous avons des problèmes avec l'actuel gouvernement en Iran, notamment du fait de son programme nucléaire, mais aussi en raison de son appui à des activités terroristes. Mais cela ne saurait, en aucun cas, être interprété comme un signe d'hostilité, voire d'animosité des Etats Unis, à l'égard du peuple iranien. Nous avons beaucoup de respect pour lui et pour la civilisation iranienne », a expliqué le porte-parole adjoint du département d’Etat Tom Casey. A travers certains échanges dans les domaines des sports, de la médecine ou de l’art, les Etats-Unis cherchent « constamment de nouveaux moyens de tendre la main aux Iraniens », a-t-il précisé.
Les
Etats Unis disposent d'un bureau à Dubaï, qui examine les demandes de visa des
Iraniens. Et l'ambassade de Suisse à Téhéran s'occupe des intérêts
américains en Iran.
Une
éventuelle section des intérêts américains à Téhéran serait semblable à celle
des Etats-Unis à La Havane, la capitale de Cuba, indiquent des officiels
américains. Ils font observer qu'il serait un peu maladroit pour Téhéran
d'opposer un refus, étant donné que l'Iran a une présence diplomatique à
Washington qui fonctionne ouvertement et dispose même de son propre site
Internet.
Quelles sont les chances de voir l'ouverture d'une section d'intérêts américains à Téhéran, cette année ? Un haut responsable du département d'Etat interrogé mardi s'est refusé à faire des projections, mais il a cité l'exemple de la mission américaine à la Havane.