John Ashcroft, ex-Attorney General ou ministre de la Justice sous l'administration Bush, a pris la défense du recours à des techniques musclées pour l'interrogatoire de suspects dans des affaires de terrorisme, des pratiques qui ont suscité de vives critiques de la part des organisations de défense des droits humains.
De telles techniques, y compris le simulacre de noyade, ont permis d'assurer la protection des Etats Unis, a fait valoir cette semaine, l'ex-ministre de la Justice, lors de sa déposition au Congrès. John Ashcroft estime que ces méthodes ont permis de déjouer plusieurs tentatives de complots depuis les attaques terroristes du 11 novembre 2001 aux Etats Unis. « Le simulacre de noyade, une technique d'interrogatoire controversée, n'est pas une forme de torture et s'est même révélée 'très précieuse' pour protéger l'Amérique », précise l'ex-ministre de la justice:
« Je pense que si on utilisait le simulacre de noyade, ce serait une affaire sérieuse mais je ne pense pas que cela équivaudrait à de la torture », a déclaré M. Ashcroft. Ce procédé consiste à attacher un suspect, et à lui verser de l'eau sur le visage, lui-même recouvert d'un morceau de tissu, et de donner ainsi l'impression au suspect qu'il est en train de se noyer. « Le ministère de la justice, depuis environ six ans, est parvenu à la conclusion, quand j'occupais les fonctions de ministre de la Justice, qu'au regard de la loi, le simulacre de noyade ne constituait pas une forme de torture », a dit John Ashcroft.
L'administration Bush affirme que cette technique était légale, quand elle a été utilisée en 2002 et 2003, par des agents de la CIA, au cours de l'interrogatoire de trois membres notoires d'al-Qaida, notamment Khalid Cheikh Mohammed, qui dit être le « cerveau » des attaques terroristes du onze septembre.
Ancien numéro deux au ministère de la Justice , Walter Dellinger fait valoir que l'Amérique s'exposerait à des risques, si elle donnait l'impression de prôner le recours à la torture. Il a dit partager l'opinion de John McCain, le candidat présumé du parti républicain aux présidentielles de novembre, que cela mettrait « sérieusement » en danger la vie des soldats américains.
Les organisations de défense des droits de l'homme ont critiqué les techniques d'interrogatoire des Etats Unis, notamment celles utilisées au centre de détention de Guantanamo Bay, à Cuba. Cette prison à haute sécurité abrite, en ce moment, environ 275 détenus. Certains y sont écroués depuis six ans, sans avoir eu le bénéfice d'une audience devant un tribunal.