Le calme prévaut en Mauritanie après le coup d'Etat sans effusion de sang qui a renversé, aujourd'hui, le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Ce putsch est intervenu après le limogeage d'un groupe d'officiers, dont le général Mohamed Ould Abdel Aziz, ancien chef d'état-major particulier de la présidence, qui s'est proclamé président. Un Conseil d'Etat a été mis en place. Il faut dire que la crise politique qui s'était installée depuis quelques temps en Mauritanie s'était aggravée en début de semaine, suite à la défection de 48 parlementaires du PNDD-AADIL, principal parti de la majorité.
Selon le sénateur Cheikh Ould Mohamed Znagui, membre du groupe, les parlementaires mauritaniens, réunis mercredi soir à l'Assemblée nationale, ont publié un communiqué expliquant aux Mauritaniens que « le président déchu avait pratiquement handicapé les institutions démocratiques et qu'il avait empêché les parlementaires de faire leur travail de contrôle et de suivi. » Estimant que le coup d'Etat est venu « sauver la Mauritanie de l'impasse », le sénateur Ould Mohamed Znagui a dit que ses collègues et lui-même demandent « à ce que les institutions constitutionnelles continuent à fonctionner » pendant l'intermède militaire.
L'Union africaine a condamné le coup de force en Mauritanie, tout comme les Etats-Unis. « Nous demandons aux militaires de libérer le président et le Premier ministre et de rétablir immédiatement le gouvernement légitime, constitutionnel et démocratiquement élu de la Mauritanie », a déclaré le porte-parole adjoint du département d'Etat américain, Gonzalo Gallegos ajoutant que des contacts sont en cours avec l'Union africaine sur ce dossier.
A Bruxelles, le commissaire européen chargé du développement, Louis Michel, a appelé les militaires mauritaniens à rétablir dans leurs fonctions les dirigeants arrêtés. Sinon, a-t-il averti, l'enveloppe de 240 millions de dollars d'aide européenne à la Mauritanie risque d'en pâtir.