Des milliers d’habitants de Khartoum, la capitale soudanaise, sont descendus dans les rues, aujourd’hui, pour protester contre la décision de la Cour pénale internationale (CPI) d’émettre un mandat d’arrêt contre le président Omar Hassan el-Béchir. D’autres manifestations sont prévues cette semaine et l’on s’attend que le chef de l’Etat soudanais visite la région du Darfour. Les mesures de sécurité ont été renforcées à Khartoum, notamment aux abords des ambassades et missions diplomatiques, tout comme dans les principales villes du Darfour.
Le mandat d’arrêt lancé, aujourd’hui, contre le président Omar el-Béchir l’accuse de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité en rapport avec la guerre au Darfour. Il stipule que le chef de l’Etat soudanais est inculpé pour meurtre, viol, torture, extermination, pillages et déplacement de civils. Par contre, le mandat n’inclut pas le chef d’inculpation de génocide, car les procureurs n’ont pas pu prouver l’intention du gouvernement soudanais de viser spécifiquement trois groupes ethniques du Darfour.
Les autorités soudanaises ont aussitôt rejeté la décision de la Cour et disent ne pas reconnaitre son autorité. Selon le conseiller présidentiel soudanais Mustafa Osman Ismail, le mandat d’arrêt de la CPI relève du « néo-colonialisme. »
« Les États-Unis sont fermement engagés à rechercher la paix au Soudan, et pensent que ceux qui ont commis des atrocités devraient répondre de leurs crimes », a déclaré, de son côté, le porte-parole du département d’Etat américain Gordon Duguid, ajoutant : « Nous préconisons au gouvernement soudanais, aux groupes rebelles armés et à toutes les autres parties concernées de faire preuve de retenue en réaction au mandat d’arrêt émis aujourd’hui par la CPI, et d’assurer la sécurité et sureté des populations soudanaises vulnérables, des civils internationaux et des casques-bleus sur le terrain. »
Gordon Duguid a assuré que les Etats-Unis restent « engagés en faveur de la pleine application de l’Accord de paix global qui a mis fin au conflit entre le Nord et le Sud du Soudan. » A cet effet, Washington continuera « d’appuyer les efforts du médiateur conjoint Nations Unies-Union africaine, Djibril Yipènè Bassolé, pour parvenir à une cessation permanente des hostilités et un règlement politique qui mettra fin à la crise humanitaire et installera une paix durable au Darfour », a souligné le porte-parole du département d’Etat américain.
Pour leur part, les groupes de défense des droits de l'Homme, comme Amnesty International et Human Rights Watch, se félicitent de ce mandat d'arrêt tandis que la Russie estime que cette décision pourrait déstabiliser le pays, où plusieurs conflits internes sont en cours. L'Egypte a également critiqué la CPI et son Ministre des Affaires Etrangères a réclamé la tenue d une session extraordinaire du conseil de sécurité de l'ONU pour report dela mise en application du mandat d arrêt.