Le journaliste irakien qui avait lancé ses chaussures sur l'ancien président américain George W. Bush lors d’une conférence de presse en décembre 2008, a recouvré la liberté mardi, après neuf mois de prison.
Mountazer al-Zaïdi affirme avoir été fouetté, battu et soumis à des chocs électriques durant ses premiers jours aux mains des forces irakiennes, après son arrestation. Il dit redouter maintenant les services de renseignement américains et craindre pour sa vie.
Ni Washington, ni Bagdad, n’ont réagi ces déclarations du journaliste, qui semblait en bonne santé à sa sortie de prison, quoiqu’il lui manque une dent. Al-Zaïdi a continué à défendre son geste qui, a-t-il dit, visait – et nous citons – « le visage d’un criminel de guerre ».
Il était humiliant, a ajouté le journaliste, de voir son pays sous la botte d’une puissance étrangère. Assister à la conférence de presse donnée par le président Bush lors de sa dernière visite en Irak, peu avant son départ de la Maison-Blanche, était une occasion à ne pas manquer, a-t-il fait valoir.
Le journaliste, qui travaillait à l’époque pour la chaîne de télévision al-Baghdadia, basée au Caire, avait lancé ses chaussures à la tête de Bush, en criant : «C’estle baiser d'adieu, espèce de chien ». Le président américain avait baissé la tête à temps, et minimisé l’incident.
Il n’en avait pas été de même pour le Premier ministre Nouri al-Maliki, ni pour nombre d’Irakiens, qui avaient fustigé le geste du journaliste, le jugeant contraire aux traditions d'accueil du pays.
Traduit en justice, al-Zaïdi avait fait valoir que M. Bush n’était pas vraiment un invité, un argument qui n’a pas convaincu le tribunal puisque le journaliste a été condamné en première instance à trois ans de prison pour « agression contre un chef d'État en visite officielle ». Finalement sa peine a été réduite en appel à un an, et il a été libéré au bout de neuf mois pour bonne conduite.
En Irak et ailleurs, al-Zaïdi est devenu célèbre. Des manifestations ont été organisées en sa faveur, il a reçu des offres d’aide financière, des demandes en mariage, et même une chaussure en bronze. Le journaliste se défend d’être un héros, disant qu’il se considère plutôt comme un homme de principes.