La justice italienne a condamné par contumace mercredi 23 anciens agents de la CIA, dont l'ancien chef du bureau milanais, à des peines de cinq à huit ans de prison pour l'enlèvement en 2003 d'un imam soupçonné de terrorisme.Trois autres ressortissants américains poursuivis pour les mêmes faits ont été acquittés, de même que l'ancien chef des services de renseignement de l'armée italienne, Nicolo Pollari, et son ex-adjoint.
En sus de ces condamnations, les personnes concernées doivent en outre verser un million d’euros à Hassan Moustafa Osama Nasr et 500 mille dollars à son épouse, au titre des dommages-intérêts. Le rapt d’Hassan Moustafa Osama Nasr dans les rues de Milan et son transfert extrajudiciaire vers l'Egypte, où il dit avoir été détenu et torturé jusqu'en 2007, renvoient au système clandestin mis en place par la CIA pour interroger les "suspects de terrorisme" après le 11-Septembre.
Le chef de la station de la CIA à Milan, Robert Seldom Lady, a écopé de huit ans de prison et les 22 autres cinq ans chacun. Deux Italiens impliqués dans les enlèvements ont été condamnés à trois ans de prison. Le porte-parole du département d’Etat américain, Ian Kelly a indiqué que l’administration Obama est déçue par ces verdicts.
Pour sa part, le directeur-adjoint de l’ONG américaine Human Rights Watch s’en réjouit. « La justice fait son travail en Italie ; elle devrait pouvoir le faire aux Etats-Unis » a-t-il dit, ajoutant : « évidemment, les accusés de la CIA sont bien à l’abri aux Etats-Unis parce que le gouvernement italien a refusé de demander leur extradition. »
Quant au juge Oscar Magi qui a prononcé les sentences, il a expliqué que ces décisions sont un message clair à tous les gouvernements, pour leur dire que même dans la lutte contre le terrorisme, les droits fondamentaux de la personne humaine, dont se prévalent les démocraties ne sauraient être ignorées.