Avec ce déploiement de l’armée, la population locale veut vite reprendre le chemin des champs de cacao dans cette zone où plus de 600 civils ont été tués, en deux ans, dans des massacres répétés attribués aux ADF, selon des chiffres de l’ONU.
L’armée congolaise qui combat cette rébellion depuis deux ans, affirme avoir fait des progrès dans la lutte. Plusieurs positions rebelles sont désormais sous son contrôle. Mais en fait, la situation sur terrain reste volatile.
Le correspondant de VOA Afrique a suivi les FARDC dans le fin fond de la forêt pour rencontrer de courageux et téméraires villageois qui ont refusé de fuir malgré les tueries répétées.
Pour atteindre ces villages éloignés, il faut quitter la nationale N4 par une route secondaire menant vers la frontière ougando-congolaise. Nous sommes sur l’axe Kamango, surnommé le triangle de la mort. L’officier Yanyi Kasongo, qui dirige l’une des unités de force spéciale qui combattent les ADF depuis octobre 2014, fait le guide.
Dans cette brousse, les FARDC ont récupéré certaines positions jadis occupées par les ADF.
Des services religieux y sont improvisés, question de maintenir le morale de troupes au front. Nous y sommes invités avant d’entamer la longue route.
Une heure après, nous voici dans la localité de Totolito au PK 45. Il y a une année cette localité était le centre des opérations de cette rébellion des islamistes ADF.
" Pour récupérer ce village, plus de 70 éléments FARDC ont perdu la vie ", nous confie l’officier Kasongo.
Ici, la vie tente de reprendre son cours normal, mais le village manque de tout comme le confie le chef de localité Paluku Chuma.
"Ici nous sommes maintenant une centaine d’habitants, nous aimerions avoir une assistance. Dans tout ce village, nous n’avons plus aucune installation sanitaire ni d'école. Tout a été détruit par les ADF", fait remarquer M. Chuma.
"Nous n’avons pas encore l’accès total à nos champs, nous y allons sous la vigilance de nos militaires mais il ne faut pas traîner là-bas par crainte… Je cultivais le cacao, et les ADF exigeaient une partie après nos récoltes. Ici, tous était convertis par la force en musulmans. Aucune autre religion n’était autorisée", précise le chef de la localité.
Sur cet axe Mbau Kamango situé dans la zone appelée triangle de la mort, le trafic a repris depuis la reconquête du lieu par les Fardc. Un jeune motard, la vingtaine, y transporte des voyageurs, faisant le taxi-moto depuis neuf ans maintenant.
"Depuis 2007, je couvre la circulation sur cet axe. Auparavant, quand les rebelles contrôlaient la zone, c’était difficile pour moi de gagner de l'argent, même seulement 20 dollars par mois ! Aujourd’hui j'atteins facilement ce montant", se réjouit le conducteur du taxi-moto.
Pour aider la population à revenir, les éléments Fardc ont construit une école qui va accueillir environ une centaine d’écoliers pour la rentrée scolaire 2016 dans cette localité.
Yvon Ramazani du cabinet de la présidence, envoyé dans la région pour constater la situation, pense que l’espoir est permis.
Le 13 août dernier, plus de 50 civils ont été tués dans un quartier proche de Beni.
L’armée et la police congolaise ont renforcé leur présence dans la région il y a quelques jours pour rassurer la population.
Depuis octobre 2014, plus de 600 civils depuis ont été massacrés, selon la mission onusienne en RDC.
Reportage de Charly Kaseraka à Beni.