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A Cuba, Barack Obama va pouvoir sonder sa popularité


Affiches souhaitant la "bienvenue à Cuba" au président Barack Obama dans les rues de La Havane. (Reuters/Alexandre Meneghini)
Affiches souhaitant la "bienvenue à Cuba" au président Barack Obama dans les rues de La Havane. (Reuters/Alexandre Meneghini)

Ces prochains jours, la visite de Barack Obama sera de toutes les conversations dans chaque recoin de La Havane. A l'exception d'un seul : le "coin des crétins" galerie singulière qui raille des présidents américains beaucoup moins populaires que lui.

Passage obligé des touristes, le Musée de la révolution de La Havane installé dans l'ancien palais présidentiel de Fulgencio Batista, renversé par les castristes en 1959, réserve un de ses murs aux caricatures des têtes de turc du régime communiste.

Aux côtés de l'ex-dictateur cubain, Ronald Reagan est grimé en cowboy armé, George Bush en empereur romain, tandis que son fils George W. Bush est présenté avec un casque orné d'un signe nazi en lisant un livre à l'envers.

Ces quatre ennemis des castristes sont présentés comme des "crétins" qui ont contribué au "renforcement" de la révolution, indiquent des plaques rédigées en anglais, espagnol et français.

Barack Obama, lui, n'y figure pas. L'actuel président américain, artisan du rapprochement avec Cuba après plus de cinq décennies d'affrontements, jouit d'un capital sympathie non négligeable sur l'île.

"Tout le monde me parle d'Obama", commente le guide du Musée Christopher, "mais Obama on le voit comme un président qui a amélioré les relations, on ne le voit pas comme un crétin".

S'il est difficile de mesurer véritablement la popularité de Barack Obama à Cuba, faute d'enquêtes d'opinion, il est rare d'entendre des Cubains dire du mal de lui, en particulier au sein de la communauté noire.

Sa visite de trois jours qui débute dimanche sera l'occasion de jauger sa popularité, et sa capacité à changer l'image des dirigeants américains à Cuba, même si l'embargo économique imposé à l'île depuis 1962 entretient l'amertume de beaucoup vis à vis de Washington.

- Convaincre les plus sceptiques -

Bob Johnson, un médecin américain de 59 ans, lâche un sourire à la vue des caricatures grossières de Reagan et des deux Bush.

"Obama aurait été différend s'il avait été président dans les années 1960, 1970 ou 1980 (...) Notre pays a changé et (Obama) représente beaucoup des changements qui se sont produits", commente-t-il à l'AFP.

"Obama est populaire ici, et tous les Américains le sont aussi, davantage même que dans d'autres parties du monde", sourit-il

M. Johnson est vêtu comme le touriste type : short en toile, chapeau et appareil photo accroché au cou. Mais officiellement ce n'est pas un touriste.

Pour pouvoir se rendre à Cuba, il a dû déclarer qu'il effectuait un voyage à but culturel afin de remplir les conditions d'une des 12 catégories de voyageurs américains autorisés à se rendre sur l'île.

A la faveur du rapprochement engagé fin 2014 entre les deux pays, le tourisme a augmenté de 18% en 2015 à Cuba, et le nombre de voyageurs américains a progressé de 77%.

"On vit du tourisme", confie le serveur Reinaldo Peres, 42 ans. "maintenant que les Américains arrivent notre vie va s'améliorer".

"Moi j'aime bien Obama, il nous aide!", clame pour sa part Oscar, cocher pour touristes de 40 ans dans la vieille ville.

Elerida Bengtsson, professeur norvégienne de 26 ans, se dit admiratrice du président américain.

"J'espère que pour les Cubains Obama n'est pas un crétin. Pour moi il ne l'est pas. Il est totalement différend des autres. Ce n'est pas la même chose lorsque Bush parle, et quand Obama parle", souligne-t-elle devant le mur satirique.

En dépit de l'aura et de la nouvelle politique du président américain, certains cubains, campés sur leurs convictions anti-impérialistes, ne voient pas vraiment cette visite d'un bon oeil.

"Pourquoi vient-il ici ? Il va faire quoi ? Sincèrement je ne suis pas d'accord avec sa venue (...) Je considère que c'est absurde", s'emporte Caridad Amador, pharmacologue de 62 ans, qui blâme les Américains pour les dommages économiques dus à l'embargo.

Avant de se rendre à Cuba, Barack Obama a annoncé qu'il souhaitait rencontrer le peuple cubain. En arpentant les rues de La Havane, il pourrait bien se dire que les plus méfiants ne sont plus du côté de la majorité.

Avec AFP

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