Le but de l'opération est de créer des emplois pour ces démobilisés venus des centres de formation de Kamina et de Kitona ainsi qu’aux membres vulnérables de la communauté qui les accueille.
Dans une ambiance de joie et de grand labeur, une quarantaine d’anciens combattants reconvertis à l’agriculture labourent la terre aux côtés d’une cinquantaine des civils vulnérables dont les veuves des militaires à moins de cinq kilomètres d’Uvira centre à Kangando/Kinyamburu.
Ces ex-combattants, déjà démobilisés, ont choisi d’être utiles à leur communauté par ce travail au lieu d’alimenter des violences.
Constantin Kossi Mambo a jadis servi sous le mouvement armé de la Force Populaire pour la Démocratie du Congo (FPDC).
"J’ai choisi de travailler pour le développement parce que mon métier des armes ne m’a pas vraiment apporter la paix, ni un quelconque intérêt", confie-t-il à VOA Afrique.
"Je suis très fier de collaborer avec la population. J’invite les autres combattants à quitter le maquis et venir savourer la paix que procure le travail honnête. Nous nous promenons sans problème et la population nous met à l’aise", poursuit-il.
Selon l’ingénieur agronome Mahuta Lufikira, qui encadre ces agriculteurs, cette synergie des démobilisés avec les vulnérables a déjà permis de récolter trois tonnes de maïs et cinq tonnes de riz.
Véronique Kanu, veuve d’un militaire, explique que les préjugés tombent peu à peu, dix mois passés à travailler avec les démobilisés.
"Je suis fière de ce travail car l’agriculture nous unit avec les ex-combattants et nous travaillons ensemble en équipe", témoigne-t-elle sur VOA Afrique.
Initiative de la Monusco
L’initiative est de la mission des Nations unies actuellement en RDC (Monusco) pour décourager l’activisme des groupes armés sur les populations civiles.
Le chef de bureau de la Monusco au Sud-Kivu, Karna Soro, explique que "les équipes DDRRR travaillent pour sensibiliser les jeunes gens qui sont dans ces groupes armés de les quitter".
"Cette vaste étendue de riz que les ex combattants, les anciens mai-mai sont en train de faire à Uvira, est un exemple de ce qu’un homme peut faire d’autre pour réussir autrement dans la vie".
Claude Misare, coordonnateur de la nouvelle société civile congolaise à Uvira, appelle la Monusco à suivre de très près l’exécution de ce projet car c’est une question qui peut perturber la sécurité du milieu si l’encadrement n’est pas efficient.
"Je dis à la Monusco de faire un suivi parce qu’à Uvira, il y a plusieurs groupes armés, et lorsqu’ils veulent recruter, ils ne doivent pas solliciter les démobilisés connus comme bon tireurs", explique-t-il.
"Ces gens doivent être bien gérés dans l’agriculture pour qu’ils ne puissent pas avoir l'idée de retourner dans les groupes armés", poursuit-il. "Je pense que cela peut motiver même leurs collègues qui sont encore dans les collines pour descendre".
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Certains démobilisés contacté fin décembre se plaignent qu’à ce jour ils n’aient reçu aucune formation sur comment s’organiser pour mieux écouler de façon rentable leur production agricole toujours gardée au dépôt, alors que des locaux commerciaux ont été aménagés sur un versant du stade Umoja d’Uvira pour son écoulement.
D’autres se plaignent de n’avoir pas reçu des primes promises il y a quatre mois.
Venus de Kitona et d’ailleurs, ces démobilisés qui ont choisi l’agriculture pour la paix font difficilement face au coût du loyer à Uvira et ses environs.
Sans prime, les coordonnateurs sentent de plus en plus de découragement chez certains anciens combattants alors que d’autres gardent espoir et s’approprient cette nouvelle vie.
Ernest Muhero, correspondant à Bukavu