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À peine élu, le nouveau chef de l'ANC confronté à de nouvelles batailles


Le vice-président Cyril Ramaphosa au forum économique mondial sur l'Afrique à Durban, en Afrique du sud, le 5 mai 2017.
Le vice-président Cyril Ramaphosa au forum économique mondial sur l'Afrique à Durban, en Afrique du sud, le 5 mai 2017.

Le vice-président sud-africain Cyril Ramaphosa a pris la direction du parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC), mais sa victoire sur le fil lui laisse peu de marge pour lutter contre la corruption et relancer l'économie d'ici aux élections de 2019.

Lundi soir, l'ancien syndicaliste reconverti en homme d'affaires multimillionnaire a succédé au chef de l'Etat Jacob Zuma à la tête de l'ANC, qui tient les rênes de l'Afrique du Sud depuis la fin du régime ségrégationniste de l'apartheid en 1994.

Il est désormais bien placé pour devenir le président du pays en 2019. Mais sa victoire a un goût amer.

>> Lire aussi: L'ANC choisit Cyril Ramaphosa pour succéder à Zuma

Le scrutin, auquel participaient près de 5.000 délégués de l'ANC, a été extrêmement serré. Cyril Ramaphosa a devancé de 179 voix seulement son adversaire Nkosazana Dlamini Zuma, soutenue par son ex-époux Jacob Zuma.

Et il a échoué à obtenir la majorité au sein de la nouvelle direction de l'ANC, essentielle pour mener à bien ses réformes et se démarquer de l'ère Zuma. Les deux camps se sont parfaitement répartis les six postes clés du parti.

Mardi, lors de sa première intervention publique depuis son élection, M. Ramaphosa s'est voulu rassurant.

"Les dirigeants choisis représentent les différents points de vue" au sein du parti. "Les Cassandre prédisaient que la conférence allait être un échec", mais l'ANC "veut émerger de cette conférence plus uni et fort", a-t-il assuré.

'Compromis'

La tâche du nouveau leader s'annonce cependant très compliquée. Il "a probablement hérité d'un calice empoisonné", estime Richard Calland, analyste politique. "Ca ne va pas être facile pour lui de manœuvrer. Il va devoir parvenir à un compromis pour toutes les décisions".

Le dauphin de feu Nelson Mandela a fait de la reprise économique et de la lutte contre la corruption ses thèmes de campagne, ce qui lui a valu d'être le favori des marchés.

La première puissance économique du continent africain se débat avec un taux de chômage de 27,7% et une croissance molle. Le président Zuma, au pouvoir depuis 2009, accumule lui les soupçons de corruption.

Après son élection, Cyril Ramaphosa se retrouve "les pieds et poings liés", relève Susan Booysen, professeur à l'université du Witwatersrand à Johannesburg. "Je ne vois pas comment il va pouvoir faire reculer la corruption au sein de l'Etat avec une majorité aussi ténue", ajoute-t-elle à l'AFP.

A l'annonce de la victoire de Cyril Ramaphosa, Jacob Zuma est resté impassible.

Sur le papier, le chef de l'Etat, élu par les députés de l'ANC, se retrouve désormais dans une position fragilisée. Il avait parié sur Nkosazana Dlamini Zuma, susceptible, selon ses détracteurs, de le protéger des poursuites judiciaires.

La victoire de Cyril Ramaphosa "va créer la perception que le pire des années Zuma est derrière nous et améliorer la confiance des consommateurs et des investisseurs", avance le cabinet d'analyse de risque Eurasia Group.

Les marchés ont lundi soir réagi favorablement au moment de l'annonce de l'élection de Cyril Ramaphosa. Le rand sud-africain a depuis reperdu ses gains.

'Garder Zuma'

Mais "la victoire de Ramaphosa ne signifie pas pour autant la défaite du camp Zuma au sein de l'ANC", tempère immédiatement Geoff Blount du cabinet d'investissement BayHill Capital.

Cyril Ramaphosa n'est pas en position, dans l'immédiat, de contraindre au départ le président Zuma avant la fin de son mandat en 2019.

En raison du mode de scrutin en Afrique du Sud, le président doit conserver la confiance de sa formation. En 2008, Thabo Mbeki avait été poussé à la démission sous la pression de l'ANC dont il avait perdu le soutien.

"L'un des compromis les plus douloureux que Cyril Ramaphosa sera contraint de faire est de garder Zuma", avance Mme Booysen.

D'autres experts sont cependant moins tranchés. Le départ de Jacob Zuma de la présidence du pays "n'est envisageable qu'au terme d'un accord négocié qui pourrait inclure une immunité", estime Robert Besseling, à la tête d'ExxAfrica, spécialisé dans l'intelligence économique.

Il table sur un possible départ du chef de l'Etat à la mi-2018. Le temps de "permettre à Ramaphosa de reconstruire", avant les élections générales de 2019, "la réputation de l'ANC ternie" par les scandales de corruption et les résultats décevants de l'économie.

En 2016, l'ANC avait déjà subi un sérieux revers lors des municipales, perçu par beaucoup au sein du parti comme un avertissement. Il avait perdu le contrôle des municipalités de Johannesburg, Pretoria et Port Elizabeth (sud-est).

Cyril Ramaphosa devrait donner le ton de son nouveau mandat mercredi, lors de son discours de clôture du congrès.

Avec AFP

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