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Abbas en Russie pour s'assurer du soutien de Moscou face à Washington


Rencontre Mahmoud Abbas-Vladimir Poutine, résidence de Novo-Ogaryovo, près de Moscou, Russie, le 14 mars 2013.
Rencontre Mahmoud Abbas-Vladimir Poutine, résidence de Novo-Ogaryovo, près de Moscou, Russie, le 14 mars 2013.

Le président palestinien Mahmoud Abbas est attendu en Russie lundi, deux semaines après le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, pour s'assurer auprès de Vladimir Poutine du soutien de Moscou face à Washington qui a reconnu Jérusalem comme capitale d'Israël.

Prévue initialement dans la station balnéaire de Sotchi, la rencontre a été déplacée à Moscou en raison du crash d'un avion de ligne qui a fait 71 morts dimanche près de la capitale russe, selon le Kremlin.

Cette visite intervient deux jours après la série de raids aériens israéliens contre une douzaine de cibles syriennes et iraniennes en représailles à, selon l'Etat hébreu, l'incursion d'un drone iranien dans son espace aérien.

Vladimir Poutine et Benjamin Netanyahu se sont entretenus au téléphone après ces frappes, le président russe mettant en garde contre une "spirale dangereuse" en Syrie tandis que Benjamin Netanyahu a assuré qu'Israël "continuera à frapper tous ceux qui tentent de nous attaquer".

Mahmoud Abbas, qui refuse tout contact avec l'administration du président américain Donald Trump depuis la reconnaissance par Washington fin 2017 de Jérusalem comme capitale d'Israël, doit s'exprimer devant le Conseil de sécurité de l'ONU le 20 février.

Les Palestiniens voient dans la décision américaine, en rupture avec des décennies de diplomatie internationale, un déni de leur revendications sur Jérusalem-Est annexée et occupée.

Accusé par l'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley, de ne pas avoir le courage nécessaire pour parvenir à un accord de paix avec Israël, M. Abbas rejette désormais toute médiation de Washington dans le règlement du conflit israélo-palestinien et a promis à son peuple d'oeuvrer pour la reconnaissance à part entière d'un Etat de Palestine par les Nations unies.

"Avec cette visite, M. Abbas cherche de nouveau à s'assurer du soutien de la Russie, son allié de longue date, et à empêcher M. Netanyahu de faire dévier Moscou" de sa ligne habituelle, a affirmé à l'AFP Alexandre Choumiline, du Centre d'analyse des conflits au Proche-Orient.

Benjamin Netanyahu, qui s'est rendu en Russie le 29 janvier, a assisté avec Vladimir Poutine à une cérémonie d'hommage aux victimes des camps nazis au musée du Judaïsme à Moscou, en profitant de cette occasion pour fustiger une nouvelle fois les intentions de l'Iran de "détruire" l'Etat hébreu.

Pour sa part, le président russe a dressé un parallèle entre l'antisémitisme et la "russophobie".

- 'Geste politique nécessaire' -

Selon Alexandre Choumiline, une rencontre avec M. Poutine constitue "un geste politique nécessaire pour M. Abbas, même si cette visite ne peut apporter que peu de résultats concrets".

"Il ne faut pas s'attendre à une percée" à l'issue de cette rencontre, insiste-t-il.

En 2016, la Russie avait déjà proposé d'accueillir sur son sol un tête-à-tête entre MM. Abbas et Netahyahu pour des pourparlers sans conditions préalables. Mais ce projet ne s'est jamais concrétisé.

Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a estimé en janvier, en faisant le bilan de l'année 2017, que les chances de reprise d'un dialogue direct entre les deux camps étaient "proches du zéro au vu de la situation actuelle".

Il a par ailleurs dit "comprendre" la colère des Palestiniens face à Donald Trump.

"Au cours des derniers mois, on nous a répété que les Etats-Unis étaient sur le point d'annoncer un grand accord qui (...) allait satisfaire tout le monde", a déclaré M. Lavrov, en soulignant "n'avoir rien vu ni entendu qui aille dans ce sens".

Alors que les tensions entre Moscou et Washington sont au plus fort depuis la fin de la Guerre froide, "M. Abbas espère peut-être que les relations russo-américaines vont se détériorer davantage et que la Russie agira alors pour contrarier les Etats-Unis" dans le dossier israélo-palestinien, estime M. Choumiline.

Le 29 novembre 2012, la Palestine était devenue un "Etat observateur non membre" de l'ONU, lors d'un vote historique à l'Assemblée générale. Fort de ce nouveau statut, l'Etat de Palestine a intégré des agences de l'ONU et a rejoint la Cour pénale internationale (CPI).

Mais la Palestine n'est pas encore devenue membre à part entière de l'ONU bien qu'elle soit reconnue par plus de 130 pays.

Avec AFP

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