"La justice exige que les pays membres assument (cette) responsabilité", a affirmé Ban Ki-moon. "Nous attendons d'eux qu'ils imposent des sanctions proportionnelles à la gravité du crime".
Un récent rapport de l'ONU montre que les accusations d'abus et d'exploitation sexuels dans les missions sont en "nette augmentation", notamment en Centrafrique, et que les sanctions prises par les autorités nationales sont légères.
L'ONU a pris une série de mesures, y compris en nommant pour la première fois les pays dont sont originaires les soldats ou policiers suspectés. Mais, a souligné M. Ban, il faut que les pays contributeurs "enquêtent rapidement et minutieusement sur de telles allégations et que les auteurs soient dûment punis".
Les Etats-Unis ont soumis au Conseil un projet de résolution prévoyant de rapatrier des contingents entiers de Casques bleus soupçonnés d'abus sexuels, comme l'ONU l'a déjà fait pour des unités congolaises opérant en Centrafrique.
Pour l'ambassadrice américaine Samantha Power, les scandales sexuels "minent la crédibilité des missions et de l'ONU". "Trop souvent, les accusations restent dans l'ombre (..) et le système actuel est opaque", a-t-elle déploré.
"Cela ne peut pas et ne doit pas continuer de la sorte", a martelé son homologue britannique Matthew Rycroft, pour qui "la réputation du Conseil est en jeu".
Mais les discussions piétinent, selon des diplomates. Et au-delà de l'indignation de principe, le débat de jeudi a confirmé que plusieurs des 15 pays membres restent réticents.
L'ambassadeur égyptien Amr Abdellatif Aboulatta s'est déclaré "fermement opposé à une politique de punition collective". Les "quelques dizaines de cas" d'abus sexuels "ne doivent pas être utilisés pour attaquer les pays contributeurs (de Casques bleus) ni ternir leur réputation".
L'ambassadeur adjoint russe Petr Iliichev a estimé que ce dossier n'était pas du ressort du Conseil parce qu'il ne concernait pas directement le maintien de la paix et de la sécurité internationales.
Il a aussi affirmé que les dispositions de la résolution devraient être étendues aux "forces étrangères non ONU" opérant avec l'autorisation des Nations unies, allusion implicite à la force française Sangaris dont des soldats ont été accusés de viols en Centrafrique.
Le représentant permanent français Alexis Lamek a rappelé à ce propos que la justice française avait "ouvert une information judiciaire pour faire toute la lumière" sur cette affaire.
Avec AFP