Des négociations informelles, qui se tiennent depuis le 8 décembre sous l'égide de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), doivent se poursuivre après la pause de Noël.
"Nous pensons que vendredi [30 décembre] sera le jour [...] solennel au cours duquel l'accord sera adopté et signé", a déclaré samedi le président de la Cenco, Mgr Marcel Utembi, qui avait enjoint mercredi la classe politique de s'entendre "avant Noël".
Selon les grandes lignes de l'accord qui avaient été convenues jeudi soir, le texte en gestation prévoit l'instauration d'une période de transition politique permettant à M. Kabila de rester au pouvoir jusqu'à l'élection de son successeur "fin 2017".
Âgé de 45 ans, M. Kabila est au pouvoir depuis 2001. La Constitution lui interdit de se représenter. Après le report sine die de la présidentielle, son second mandat s'est achevé mardi dans un climat de violences politiques et interethniques ayant fait au minimum entre 56 et 125 morts à l'échelle du pays.
Après une nuit entière de discussions, "nous sommes arrivés au bout du tunnel", a assuré samedi Mgr Utembi, selon qui "la divergence sur la gestion consensuelle de la période transitoire a été aplanie à 95%".
"La Cenco fera le travail qui reste à travers les passerelles auprès des autorités [le président Kabila, NDLR] et des chefs [de délégation] des deux camps", a ajouté le prélat, archevêque catholique de Kisangani, grande ville du nord-est du Congo.
Les désaccords qui subsistent sont néanmoins essentiels. Selon Jean-Marc Kabund, secrétaire-général de l'UDPS, parti de l'opposant historique Étienne Tshisekedi, ils ont trait au partage du pouvoir pendant la période de transition, et en particulier au poste de Premier ministre et au contrôle des provinces.
D'autres interrogations demeurent notamment sur la façon dont les deux camps utiliseront le délai donné par la médiation pour s'entendre, alors que l'ONU, les Occidentaux et le Vatican multiplient les appels aux négociateurs pour qu'ils discutent "de bonne foi", dans l'"intérêt supérieur" du pays.
- Médiocrité grave -
Dans la nuit de samedi à dimanche, un responsable à la Cenco a confié à l'AFP, dépité, alors que les négociations piétinaient : "Notre classe politique est d'une médiocrité grave. Ils ont remis en cause tout ce que nous avions convenu la veille."
S'il prévoit effectivement la tenue d'une présidentielle fin 2017, la question du financement de cette élection devrait rester entière après la signature de l'accord, alors que le pays, parmi les moins développés de la planète, se débat depuis 18 mois dans une grave crise économique provoquée par la chute des prix des matières premières.
"Les recettes de notre budget n'augmentent pas, et notre budget est en chute libre", a déclaré jeudi le nouveau Premier ministre Samy Badibanga dans son discours de politique générale.
Dans ces conditions, l'accord éventuel apportera-t-il les garanties réclamées par la communauté internationale pour lui permettre de financer l'organisation d'élections "libres et transparentes" qu'elle appelle de ses voeux ?
Enfin, comment la population de ce pays immensément riche en matières premières mais dont près de 90% des habitants survivent dans une pauvreté absolue, accueillera-t-elle la prolongation des discussions ?
"On n'est pas près de la signature d'un accord qui de toute façon [est négocié] au détriment d'une population érigée en témoin muet" de ses hommes politiques, estime un analyste sous le couvert de l'anonymat.
État-continent de plus de 70 millions d'habitants, la RDC n'a jamais connu de transition pacifique du pouvoir depuis son indépendance de la Belgique en 1960.
Le pays a été ravagé entre 1996 et 2003 par deux guerres qui ont fait au moins trois millions de morts, et sa partie orientale reste déchirée par de multiples conflits armés depuis plus de vingt ans.
Avec AFP