Cette transaction, annoncée au terme de trois années d'intenses négociations, est la première du genre conclue en Afrique du Sud, alors qu'une plainte en nom collectif dans le secteur minier avait été lancée.
"C'est un accord historique", s'est réjoui devant la presse à Johannesburg le ministre de la Santé, Aaron Motsoaledi.
"L'accord offre des compensations significatives à tous les mineurs concernés", se sont félicités les groupes miniers et les plaignants dans un communiqué commun.
>> Lire aussi : Les mineurs bloqués sous terre secourus en Afrique du Sud
La somme de 5 milliards de rands correspond aux provisions déjà budgétées par les six groupes miniers impliqués dans l'accord, African Rainbow Minerals, Anglo American, AngloGold Ashanti, Harmony Gold, Gold Fields et Sibanye Stillwater.
"Ces 5,2 milliards de rands sont une estimation qui pourrait augmenter en fonction du nombre de plaignants éligibles", a précisé un avocat ayant participé aux négociations, John Brand.
Plus de 100.000 mineurs qui ont travaillé dans les mines d'or d'Afrique du Sud depuis 1965 pourraient être indemnisés, selon ses estimations.
Après examens médicaux, ils recevront entre 10.000 et 250.000 rands (entre 660 et 16.500 euros), une somme calculée en fonction de l'état de santé du requérant.
>> Lire aussi : Deux des cinq mineurs pris au piège retrouvés morts en Afrique du Sud
Les veuves des mineurs décédés de silicose ou de tuberculose seront également éligibles à des dédommagements.
"L'objectif était de tenir l'industrie aurifère responsable des énormes dommages qu'elle a causés à ses salariés pendant des années (...) et d'offrir des compensations aux familles des mineurs et des anciens mineurs", a souligné devant la presse l'un des avocats des plaignants, Richard Spoor.
"C'est un bon accord, qui va permettre aux mineurs de commencer à recevoir quelque chose", a estimé auprès de l'AFP Rantso Mantsi, un ancien mineur originaire du Lesotho voisin. "Beaucoup de gens sont morts avant d'avoir pu être indemnisés, j'espère que leurs familles vont maintenant l'être."
Les mineurs avaient obtenu en 2016, de la Haute Cour de Johannesburg, l'autorisation d'engager une action collective contre leurs employeurs, une première dans ce secteur.
Ils affirment avoir contracté la silicose ou la tuberculose en étant contraints par leurs employeurs de travailler pendant des années dans des conditions jugées dangereuses.
'Une grande victoire'
Surnommée "le mal des mineurs", la silicose est provoquée par l'inhalation de poussières de silice, notamment lors du forage de roches. Elle affecte les poumons de manière irréversible, mais est évitable en portant des équipements de protection.
>> Lire aussi : Les mineurs sud-africains demandent toujours justice cinq ans après le massacre de Marikana
Les six compagnies minières se sont dit satisfaites jeudi de l'accord avec leurs salariés, qui devrait faire automatiquement tomber la plainte en nom collectif visant ses sociétés.
"Un accord amiable est préférable car il permet un dédommagement plus rapide qu'une plainte en nom collectif", a jugé un de leurs avocats, Graham Briggs.
"C'est un grand jour, une grande victoire", a souligné Mark Heywood, directeur de l'ONG Section 27. "Mais ce n'est pas le bout du chemin" car dans ce genre de dossier, on constate que des personnes ne réclament pas leurs droits, faute d'informations.
"Il faut, a-t-il insisté, que tout le monde, dans les quatre coins du pays, soient tenus au courant de l'accord". Mais aussi au-delà, puisque de nombreux mineurs malades sont originaires de pays voisins comme le Botswana, le Swaziland, le Lesotho ou encore le Mozambique.
L'accord doit désormais être validé par la justice sud-africaine avant d'entrer en vigueur.
"Le calendrier que nous envisageons est de permettre le début des indemnisations en septembre/octobre 2018", a estimé M. Moor, concédant toutefois que cela pouvait "être décevant pour tous ceux qui ont attendu si longtemps".
>> Lire aussi : En Afrique du Sud, quand la mine ferme
"Au cours des cinq dernières années, sur les 35.000 clients que mon cabinet défend, environ 5.000 sont morts. Cela nous a poussé à trouver un accord au plus vite", a-t-il souligné.
Selon les études scientifiques, le taux de prévalence de la silicose parmi les salariés des mines d'or sud-africaines oscille entre 22 et 36%, l'un des plus élevés au monde.
L'accord ne met toutefois pas fin à la plainte en nom collectif déposé devant la justice, puisque deux entreprises minières poursuivies par les mineurs ne s'y sont pas associées.
Avec AFP