La commission de lutte contre la corruption que dirige un ancien ministre n'est pas allée par quatre-chemins pour dénoncer le détournement de quelque 700 millions de francs CFA, destinés à la construction à Brazzaville du siège de l'Organisation des pays africains producteurs de pétrole. Et l'actuel ministre des Hydrocarbures, Jean-Marc Tystère Tchicaya, a été épinglé.
>> Lire aussi : VOA Afrique sur les ondes de Brazzaville et Pointe-Noire à partir du 24 juillet 2018
"Le ministre a été le donneur d'ordre. Cela veut dire que le ministre a été coupable au même titre que son directeur de cabinet et son conseiller aux finances. Le ministre est coupable, il a donné l'ordre et les gens ont exécuté. Maintenant, ces gens-là ne sont pas jugés. Notre rôle, ce n'est pas de juger. Nous faisons le travail en amont, après on est dessaisi du dossier", a expliqué le président de la Commission, Lamyr Nguele.
Mais depuis que la commission publie ses rapports, le parquet de Brazzaville n'a pas encore ouvertement lancé de poursuites judiciaires.
Roch Euloge N'zobo, Coordonnateur du Cercle pour les droits de l'homme et le développement.
"C'est une honte ! Le Congo a pris des engagements pour construire ce siège de l'APPO, mais l'argent est allé dans les poches des individus. Le procureur a l'obligation d'ouvrir une information judiciaire. S'il ne le fait pas, cela veut dire que cette commission ne sert à rien", a déploré l'activiste des droits de l'homme.
Pour l'analyste économique Augustin Benazo, la corruption est endémique au Congo. Elle touche tous les secteurs de la vie nationale. Et la justice devrait sévir.
"L'effectivité de la dépense au Congo n'est que de 30 %. Cela montre qu'il y a des faiblesses dans la gestion des finances publiques. Il y a des structures qui sont beaucoup plus indexées et qui jouent sur l'économie nationale. La commission a travaillé, c'est bien, mais ce n'est pas suffisant", a commenté Augustin Benazo.
Au Parti congolais du travail, le parti présidentiel, la préoccupation sur la corruption est palpable, mais aucune action n'est engagée. Serge Michel Odzoki, le porte-parole du PCT dit qu'il n'y a pas de preuves pour s'attaquer à des membres de son parti.
"Nous avons fait des déclarations, qui sont des professions de foi, disant que tous ceux qui sont coupables, ils devront répondre de leurs actes devant la justice", a-t-il indiqué.
En négociations avec le Congo, le FMI avait clairement appelé le gouvernement a donner des signaux forts dans la lutte contre la corruption et la bonne gouvernance.