Plus de 24 heures après le raid, survenu lundi à la mi-journée pendant une cérémonie de remise de diplômes en présence de plusieurs centaines d'élèves et de membres de leurs familles, le bilan des victimes de ce qui apparaît comme la pire "bavure" des forces aériennes afghanes récemment reconstituées restait incertain.
Le porte-parole du ministère de la Défense, le général Mohammad Radmanish, a fait état de "18 commandants talibans tués et douze blessés".
Il a reconnu mardi devant la presse qu'il y avait aussi eu des victimes civiles, ce qu'il avait initialement nié, mais sans en préciser le nombre et affirmant que les insurgés qui auraient "riposté par balles" au raid les ayant visés en étaient responsables.
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Ce que le directeur de l'hôpital de Kunduz, la capitale régionale, le Dr Naim Mangal, a aussitôt démenti auprès de l'AFP : "Toutes les victimes ont été blessées par des éclats de bombes, aucun des 100 blessés et des six morts que nous avons reçus n'a été touché par des balles", a-t-il insisté.
Des sources de sécurité s'exprimant sous le couvert de l'anonymat avaient précédemment annoncé "59 morts, dont une majorité d'enfants parfois âgés de huit ans, et 17 talibans", ainsi que "57 blessés" acheminés à l'hôpital de Kunduz.
Face à cet afflux, les forces de sécurité ont d'ailleurs été sollicitées pour donner leur sang à l'hôpital, a déclaré un responsable.
"Unités rouges"
Le porte-parole de la Défense a assuré que les hélicoptères ciblaient "une réunion de chefs talibans du nord-est dans un centre d'entraînement des unités rouges" (les unités d'élite des talibans), dans le district de Dashte Archi, largement sous le contrôle des rebelles, à plusieurs dizaines de kilomètres de Kunduz.
Il a annoncé l'envoi de deux délégations, une du ministère de la Défense et une autre de la présidence, pour procéder à "une enquête complète" sur l'opération qui survient un mois après l'offre de paix du président Ashraf Ghani aux insurgés.
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La Mission de l'ONU en Afghanistan a également dépêché dès mardi matin une équipe pour faire la lumière sur cette attaque.
Un témoin interrogé par l'AFP, Youssuf, a dit avoir vu les hélicoptères arriver : "C'était une grande madrasa : les gens étaient assis en rang. Il y avait 1.000 personnes au moins, peut-être 2.000 qui assistaient à la cérémonie de +remise des turbans+", qui récompense des jeunes gens ayant mémorisé l'intégralité du Coran.
"C'étaient des étudiants et des gens du coin, je n'ai pas vu de talibans. Les hélicoptères ont bombardé les rangs des élèves. J'ai vu du sang partout, des morceaux de corps éparpillés..."
Selon lui, la madrasa était adjacente à la mosquée de Dashte Archi et les deux bâtiments ont été frappés ainsi que le site de la cérémonie.
Corps décapités
Un autre témoin, arrivé sur les lieux juste après la frappe, Abdul Khalil, a affirmé à l'AFP avoir "compté 35 corps, la plupart décapités".
"Dans ma seule tribu, 15 personnes ont été tuées dont mon neveu de 15 ans", a-t-il ajouté, parlant d'une "boucherie" : "tout était couvert de sang et le sol, jonché de morceaux de corps, de têtes, de membres."
Des sources de sécurité ont accusé les rebelles d'avoir spécialement planifié la réunion de leurs commandants dans cette école religieuse et disposé de "nombreux gardes à moto tout autour".
Selon un commandant taliban joint par l'AFP au Pakistan, qui a confirmé que ce district est bien sous le contrôle des insurgés, au moins 750 étudiants s'apprêtaient à recevoir leur diplôme avant de partir en vacances pour deux mois.
"Avec les familles invitées pour l'occasion, au moins 2.000 personne étaient rassemblées" dans l'enceinte de la mosquée et de l'école a-t-il raconté, précisant que la madrasa, ouverte au public, accueille en règle générale quelque 3.500 étudiants dont la moitié environ sont des pensionnaires.
Il a en revanche nié la présence de commandants.
Ce drame intervient dans le contexte des offres de paix du président Ghani qui a proposé début mars aux talibans de déposer les armes et de se transformer en mouvement politique. Ces derniers n'y ont officiellement pas donné suite un mois plus tard.
Dans un communiqué mardi soir, le chef de l'Etat a présenté ses "condoléances" aux victimes et ordonné qu'une assistance leur soit fournie, promettant une enquête "minutieuse".
Avec AFP