"J'annonce à nouveau un cessez-le-feu à partir de demain (lundi, peu avant l'Aïd al-adha, la fête musulmane du sacrifice) jusqu'à l'anniversaire du prophète (le 21 novembre) à condition que les talibans fassent de même", a lancé le président Ghani lors d'une intervention télévisée à l'occasion du jour de l'indépendance nationale.
Dans des communiqués séparés, le chef de la diplomatie américaine,Mike Pompeo, et le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, ont dit soutenir cette offre de cessez-le-feu.
"Il n'y a pas d'obstacles pour les pourparlers... Le temps de la paix est venu", a déclaré M. Pompeo à l'égard des talibans. "Nous restons prêts à soutenir, faciliter et participer à des négociations directes entre le gouvernement afghan et les talibans", a-t-il ajouté.
Un premier cessez-le-feu de quelques jours avait été déclaré entre les deux parties en juin dernier pour la fin du ramadan.
L'administration afghane a supprimé "tous les obstacles" à la paix, après avoir consulté dignitaires religieux, partis politiques et société civile, a remarqué M. Ghani. "Nous appelons la direction des talibans à accueillir les voeux de paix longue et véritable des Afghans. Nous les exhortons à se préparer à des discussions de paix basées sur les valeurs et principes islamiques".
L'après Ghazni
L'annonce intervient après dix derniers jours extrêmement violents. Le 9 août, les talibans ont lancé un assaut contre Ghazni, ville stratégique située à deux heures de route de Kaboul. L'armée afghane, appuyée par des raids aériens américains, a peiné plusieurs jours avant de parvenir à les repousser.
Le ministre afghan de la Défense, Tariq Shah Bahrami, a communiqué un bilan d'au moins 100 membres des forces de sécurité tués dans la bataille, ainsi que 20 à 30 civils. Le représentant spécial de l'ONU en Afghanistan, Tadamichi Yamamoto, a de son côté cité des estimations faisant état de "110 à 150 victimes" civiles à Ghazni.
Les talibans ont également conquis une base de l'armée afghane dans le Nord-Ouest tandis qu'un attentat du groupe Etat islamique (EI) dans une école de Kaboul a tué au moins 37 personnes, pour la plupart des adolescents.
Le président Ghani n'a toutefois pas mentionné l'EI dans son annonce de cessez-le-feu, bien que ce groupe soit à l'origine de la plupart des attaques les plus meurtrières contre les civils cette année.
'Soutien' pakistanais
"Il n'y a aucun doute qu'il y a un désespoir du côté du gouvernement pour parvenir à un accord de paix avec les talibans. C'est la seule manière de sortir de ce conflit sanglant et une demande légitime des Afghans", a commenté l'analyste Haroon Mir, interrogé par l'AFP. "Mais je doute que les talibans (cesseront de combattre) vu leurs positions passées et leurs victoires sur le terrain."
Les talibans n'ont pas encore répondu à l'appel du chef de l'Etat. Mais ils ont à de multiples reprises refusé de négocier avec les autorités afghanes, qu'ils qualifient de "marionnettes" aux mains des Etats-Unis. Ce week-end, l'un de leurs dirigeants a de nouveau appelé à des discussions avec Washington.
Alors que les Etats-Unis avaient jusqu'alors systématiquement refusé les demandes de négociations directes avec les talibans, des officiels américains ont rencontré le mois dernier des représentants des insurgés au Qatar. Mais rien n'a filtré de leur rencontre.
L'annonce du cessez-le-feu a été immédiatement saluée par le Pakistan, pays voisin accusé par les autorités afghanes de soutenir les insurgés, notamment en leur fournissant des refuges de son côté de la frontière.
"Le Pakistan soutient totalement tous les efforts du genre qui contribuent à permettre une stabilité et une paix durables en Afghanistan", a fait savoir son ministère des Affaires étrangères dans un communiqué, appelant "toutes les parties (...) à mettre en place un cessez-le-feu".
Vendredi, le président afghan Ashraf Ghani, venu passer en revue des troupes à Ghazni, avait demandé au nouveau Premier ministre pakistanais, Imran Khan, "d'enquêter" sur l'assaut de Ghazni, affirmant que des talibans y ayant participé étaient soignés dans des hôpitaux pakistanais.
Un premier cessez-le feu de trois jours s'était tenu en Afghanistan mi-juin pour la fin du ramadan. Des talibans avaient alors posé pour des selfies avec des membres des forces de sécurité afghanes.
Ce cessez-le-feu, qui constituait une première, avait suscité des espoirs de possibles pourparlers de paix, après 17 ans de conflit. Mais de nouvelles attaques s'étaient produites les semaines suivantes.
Avec AFP