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Chinafrique: une remise générale de la dette n'est pas envisageable


Le président du Gabon Ali Bongo Ondimba (à g.), avec son homologue de Chine Xi Jinping, à Pékin, en Chine, le 1er septembre 2018. (Nicolas Asfouri/Pool Photo via AP)
Le président du Gabon Ali Bongo Ondimba (à g.), avec son homologue de Chine Xi Jinping, à Pékin, en Chine, le 1er septembre 2018. (Nicolas Asfouri/Pool Photo via AP)

Alors que la Chine se serre la ceinture économiquement en réponse au coronavirus, les dirigeants africains s'inquiètent de l'avenir des projets d'infrastructure, du commerce et, dans certains cas, ils demandent carrément un allègement de la dette.

La Chine est le plus grand partenaire commercial de l'Afrique, avec plus de 200 milliards de dollars d'importations et d'exportations combinées par an. La Chine a également financé des projets d'infrastructure tels que des routes, des ports et des chemins de fer sur tout le continent. Le coût global de ces projets s’évalue à plusieurs milliards de dollars.

Mais à cause du coronavirus, l'économie mondiale a pris un coup. Les pays africains, déjà fragiles, se retrouvent dans l’incapacité de rembourser leur dette.

"L'économie chinoise est très touchée par la maladie COVID-19", selon Yun Sun, directrice du programme Chine du Stimson Center, un centre de recherche politique basé à Washington. "Cela va absolument réduire la capacité de la Chine à continuer à soutenir des projets d'infrastructure dans les pays en développement, y compris en Afrique, au même rythme qu’auparavant".

Au premier rang des préoccupations se trouve l’initiative "Belt and Road", ou la nouvelle route de la soie. A travers cette initiative, le gouvernement, les banques et les investisseurs privés chinois ont prêté environ 146 milliards de dollars aux pays africains entre 2000 et 2017. Mais en raison de la pandémie mondiale de coronavirus, nombreux sont ceux qui réclament une pause dans les remboursements ou une forme quelconque de remise de la dette.

"Il n'y a pas qu'un seul pays africain qui se réjouit de cet appel à l'allègement de la dette mondiale", explique Mme Sun. "Mais je dirais que le tableau est très différent du côté chinois. Tout d'abord, étant donné le montant massif de la dette que les pays africains doivent à la Chine, la question clé est de savoir s'il est financièrement faisable pour la Chine d'annuler ces dettes".

On estime que les pays africains vont dépenser en tout 44 milliards de dollars pour le service de la dette cette année.

Les créanciers mondiaux, dont le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et les prêteurs privés des pays du G20, dont la Chine, ont accepté de suspendre les paiements du service de la dette de 77 des pays les plus pauvres du monde. Beaucoup de ces pays sont en Afrique.

De son côté, la Chine s'est déclarée ouverte à un nouvel allégement de la dette, mais elle préfère négocier au cas-par-cas avec chacun des pays débiteurs. C’est d’ailleurs la même posture que le Club de Paris a annoncée récemment.

"Une remise générale de la dette n'est pas envisageable", souligne Mme Sun.

Côté africain, one évite une confrontation avec la Chine sur ce plan. C’est l’avis de Hannah Ryder, qui dirige Development Reimagined, un cabinet de conseil en développement basé à Pékin.

Selon Mme Rider, de nombreux dirigeants africains estiment que sans endettement il serait impossible de mettre en place les infrastructures nationales nécessaires pour relancer leurs économies et sortir de la pauvreté.

Il faut pas moins de 68 milliards de dollars par an pour répondre aux besoins en infrastructures en Afrique, souligne-t-elle. N’ayant pas accès à ces financements sur le continent, ils n’ont d’autre choix que de se tourner vers les bailleurs de fonds internationaux, dont la Chine.

"Le continent africain n'atteindra pas les objectifs de développement durable si ces investissements ne sont pas réalisés", précise Mme Rider.

Du coup, on s’interroge sur ce qui pourrait se passer si les pays africains sont dans l’incapacité de rembourser leurs dettes envers la Chine, surtout que les sommes en question sont énormes.

Au Djibouti, par exemple, la dette extérieure est égale à environ 80 % du produit intérieur brut (PIB). Au Kenya, ce chiffre est de 61 %. Les deux pays ont des ports importants financés par la Chine. Certains observateurs craignent que la Chine prenne le contrôle de ces infrastructures critiques africaines dans les pays qui sont incapables de rembourser leur dette.

[Article de Salem Solomon. Traduit et adapté de l’anglais par VOA Afrique. Lire l’original>>]

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