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Deux tiers des conflits entre entreprises et populations en Afrique dus aux déplacements forcés


Un soldat fait signe aux déplacés du camp de Bakkasi après une manifestation contre les rations de nourriture insufficantes, à Maiduguri, dans l'État de Borno, Nigeria, le 29 août 2016.
Un soldat fait signe aux déplacés du camp de Bakkasi après une manifestation contre les rations de nourriture insufficantes, à Maiduguri, dans l'État de Borno, Nigeria, le 29 août 2016.

Près de deux tiers des conflits entre communautés rurales et entreprises s'implantant en Afrique subsaharienne sont dus essentiellement à des déplacements forcés de population, entraînant souvent des violences et des perturbations de l'activité, selon un rapport publié jeudi à Dakar.

Ces déplacements forcés représentent la cause principale de 63 % des conflits analysés par cette étude rendue publique par le cabinet de consultants TMP Systems et l'ONG Rights and Resources Initiative (RRI), loin devant les litiges sur les indemnisations (19 %) ou liés aux questions d'environnement ou de baisse des ressources (9 % chaque).

"L'Afrique a été historiquement à la traîne de l'Amérique latine et de l'Asie dans la protection des droits sur la terre", a déclaré le coordinateur de RRI, Andy White, lors de la présentation du rapport à la presse.

"Mais cette année, l'Afrique s'apprête à faire de grands pas dans la garantie des droits de ses citoyens", a-t-il souligné, citant des initiatives en cours au Kenya, au Liberia, au Cameroun, au Mali et au Sénégal.

Andy White, qui est américain, s'est dit "attristé" par l'élection du président Donald Trump, regrettant que les administrations successives "républicaines comme démocrates n'aient pas écouté leurs citoyens ruraux".

Il a appelé à en tirer les leçons à l'échelle mondiale "en prenant au sérieux la pauvreté et l'inégalité du monde rural et en y répondant avant que la colère et la méfiance ne deviennent incontrôlables".

Selon l'étude, réalisée par TMP Systems, la majorité des conflits "se déclenchent bien avant l'exploitation des projets", révélant soit un défaut de concertation des investisseurs, soit une opposition a priori des populations, et le plus souvent à proximité des frontières (à 61 km en moyenne), loin du pouvoir central.

"La croyance erronée selon laquelle l'Afrique est un continent de territoires vides et disponibles, ouverts aux projets de développement, a fait beaucoup de tort", souligne le coordinateur de RRI dans un communiqué.

Le rapport montre néanmoins d'importantes disparités régionales, entre l'Afrique de l'Ouest, où ces conflits sont surtout liés à l'agriculture de plantation (huile de palme en particulier), l'Afrique de l'Est, avec les différends autour de l'installation d'infrastructures comme l'énergie éolienne au Kenya, et l'Afrique australe où les contentieux se cristallisent sur la canne à sucre et les excavations minières.

Contrairement aux idées reçues sur l'Afrique subsaharienne, le taux de violence dans ces conflits relevé par l'étude (44%) y est sensiblement inférieur à la moyenne mondiale (47%).

Il est même de seulement 27 % des cas en Afrique de l'Est et 30% en Afrique de l'Ouet, mais monte à un niveau record de 73% en Afrique australe.

Avec AFP

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