"Un jeune sur cinq dans les pays arabes analysés veut émigrer. Une proportion qui atteint les 53% dans le cas de la Tunisie", souligne la fondation CIDOB (Centre des affaires internationales de Barcelone), qui a coordonné l'étude, dans un communiqué diffusé en Espagne.
Six ans après le "printemps arabe", elle constate que "la principale motivation qui pousse ces jeunes à vouloir partir est, une fois de plus économique : trouver un emploi digne et de meilleures conditions de vie".
"Contrairement à ce qu'on pouvait attendre, plus le niveau d'éducation est important, plus le désir d'émigrer est renforcé", assure le communiqué.
Pour un des experts ayant réalisé l'étude en Algérie, Nacereddine Hammouda, "ce qui est remarquable, c'est que le fait d'arriver à l'université renforce le désir d'émigrer". "Le jeune pense qu'il peut valoriser ses compétences dans un pays plus développé économiquement et qu'elles seront gâchées s'il reste", explique ce statisticien économiste au Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (Cread), interrogé par l'AFP en Espagne.
Le projet "Sahwa" ("L'éveil", en arabe) a été mené entre 2014 et 2016 dans chacun des cinq pays, en réponse à une commande de la Commission européenne.
Ses résultats reflètent un "sentiment général de frustration et d'exclusion sociale" chez les jeunes, selon la fondation.
Les quatre principaux problèmes identifiés à travers 10.000 entretiens sont le niveau de vie (28%), la situation économique (22%), l'emploi (12%) et le système éducatif (10%).
Le taux de chômage des jeunes dans ces pays est d'environ 30% en 2014, alors que la moyenne mondiale est de 13%, font apparaître des chiffres de l'Organisation internationale du travail cités.
Difficile dans ces conditions de pousser "la porte de l'autonomie et de l'âge adulte", écrit le CIDOB.
Le projet Sahwa montre aussi que "les jeunes ne se sentent pas identifiés à leurs institutions, dont ils considèrent qu'elles ne représentent qu'une élite".
Selon l'enquête, "près de 60% des jeunes en âge de voter ne l'ont pas fait aux dernières élections, et principalement par manque d'intérêt (44,5%)".