Le président sud-africain Jacob Zuma s'est moqué vendredi des députés de l'opposition qui ont perturbé la veille son discours annuel sur l'état de la nation, qualifiant d'"inutiles" les parlementaires radicaux qui sont partis au bout d'une heure en scandant des slogans contre lui.
"Ils montrent à quel point ils sont inutiles, les gens ne voteront jamais pour eux", a déclaré le chef de l'Etat goguenard lors d'un débat à la télévision publique, au lendemain des incidents.
"Ils ne comprennent pas comment ça marche, la démocratie... La majorité l'emporte. Vous ne pouvez pas dire +je me fiche de ce que la majorité a à dire+", a ajouté Jacob Zuma, président du Congrès national africain (ANC), le parti au pouvoir depuis la fin de l'apartheid.
Jeudi au Cap (sud), les membres du parti de gauche radicale EFF (Combattants de la liberté économique) ont multiplié pendant une heure les rappels au règlement pour interrompre le président, en présence de nombreux diplomates et hauts-fonctionnaire.
"Zuma ne mérite le respect de personne, il nous a volés, il a corrompu l'économie de l'Afrique du Sud, il a transformé ce pays en blague", a martelé Julius Malema, dirigeant de l'EFF, ignorant les injonctions de la présidente de la chambre, Baleka Mbete, qui lui demandait de s'asseoir et de se taire.
Les parlementaires EFF, vêtus de leurs traditionnelles combinaisons rouges, ont finalement quitté l'hémicycle en cognant leurs casques d'ouvriers sur les bancs et en scandant "Zupta doit tomber", jeu de mots en référence aux liens étroits entre le chef de l'Etat et les Gupta, de richissimes hommes d'affaires d'origine indienne soupçonnés d'avoir une influence directe sur le pouvoir sud-africain.
"Si le parti ou le président commet une erreur, il y a un processus pour gérer le problème", a répliqué vendredi matin le chef de l'Etat. "Ils font du mal au pays, ils ternissent son image", a-t-il estimé, alors que le discours était diffusé en direct sur les trois principales chaînes sud-africaines, et très suivi par le public.
Plusieurs scandales ont affaibli Jacob Zuma, régulièrement attaqué par l'opposition. Il traîne comme un boulet depuis deux ans l'affaire Nkandla, du nom du village de sa résidence privée, rénovée avec 20 millions d'euros de fonds publics.
Les députés de l'EFF l'avaient interpelé lors du dernier discours annuel au Parlement en criant "Rends l'argent! Rends l'argent!".
Avec l'Alliance démocratique (DA), le principal parti d'opposition, ils ont entrepris une action contre le chef de l'Etat à la Cour constitutionnelle pour l'obliger à obéir aux recommandations de Thuli Madonsela, la médiatrice de la République, qui demandait de rembourser une partie des fonds.
Mais vendredi, Jacob Zuma a assuré qu'il n'avait jamais refusé de se plier aux conclusions du rapport de la médiatrice.
"Une perception politique a été créée selon laquelle je refusais de payer. Je n'ai jamais dit que je ne paierai pas cet argent", a-t-il soutenu.
"Ce que j'ai refusé jusqu'à présent, c'est de rembourser un montant qui n'a pas été défini", a-t-il continué, précisant que rembourser ne signifierait pas qu'il reconnaissait avoir fait quelque chose de "mal".
Le président a tout de même tenté de tourner la situation à son avantage, assurant que quand l'EFF joue aux trublions de la classe politique, c'est l'ANC, son parti, qui en ressort renforcé.
AFP