Des vétérans du Congrès national africain (ANC) - mouvement historique de la lutte anti-apartheid, désormais au pouvoir -, Pravin Gordhan, ministre des Finances limogé jeudi par M. Zuma après des mois de conflit ouvert, et la veuve de Kathrada se sont relayés pour critiquer l'état du pays, devant une foule scandant "Zuma doit partir!".
"Le camarade Kathy (surnom de Kathadra) nous laisse à un moment où l'ANC, le gouvernement et en réalité notre société traverse une minicrise", a lancé M. Gordhan, dans un discours électrisant.
"Les problèmes sont très clairs. Et qui est le problème et quel est le problème est également très clair", a-t-il lancé, sans citer le nom de M. Zuma mais déclenchant une nouvelle série de "Zuma doit partir!" dans l'assistance, où certains brandissaient des pancartes proclamant "Zuma, pire président d'Afrique du Sud".
M. Zuma, mis en cause dans une litanie de scandales de corruption, a limogé lors d'un remaniement d'ampleur M. Gordhan, avec qui il était en conflit sur la bonne gestion des deniers publics.
Une partie de l'état-major de l'ANC était fortement opposée au départ de M. Gordhan, très respecté des marchés, et son limogeage a plongé le parti dans une guerre ouverte.
La veuve de Kathrada, Barbara Hogan, a également pris la parole pour critiquer le limogeage de M. Gordhan, "un de nos meilleurs ministres des Finances".
"Si vous aviez des oreilles pour écouter et des yeux pour voir, vous n'auriez pas nommé quatre ministres des Finances en trois ans", a-t-elle lancé à l'adresse de M. Zuma, l'appelant à démissionner comme son mari lui avait déjà demandé en 2016, après qu'un tribunal eut déclaré que le chef de l'Etat avait violé la Constitution.
Cette cérémonie en l'honneur d'un des piliers historiques de l'ANC devait initialement être organisée par le gouvernement mais les autorités l'avaient ajournée vendredi sans explication, un report qualifié de "mesquin et malveillant" par M. Gordhan.
Les funérailles de Kathrada, ancien compagnon de cellule de Nelson Mandela sous le régime d'apartheid, avaient déjà donné lieu à des discours très virulents contre M. Zuma, interdit de cérémonie par la famille du défunt.
Avec AFP