Cette élection prévue le 4 juillet doit permettre de trouver un successeur à Abdelaziz Bouteflika, qui a démissionné le 2 avril après 20 ans au pouvoir, sous la pression conjointe de la rue et de l'armée.
La déclaration obtenue samedi par l'AFP est signée par Ali Yahia Abdennour, avocat et militant des droits humains, Ahmed Taleb Ibrahimi, ancien ministre des Affaires étrangères, et Rachid Benyelles, général à la retraite.
M. Ibrahimi, 87 ans, avait été appelé par des militants à diriger la transition après la démission de M. Bouteflika mais avait décliné cette proposition en raison de son âge, selon ses proches.
Les trois signataires appellent l'armée à "nouer un dialogue franc avec des figures représentatives du mouvement citoyen, des partis et des forces politiques et sociales afin de trouver, au plus vite, une solution politique consensuelle en mesure de répondre aux aspirations légitimes" de la contestation.
Saluant le "caractère massif et strictement pacifique des manifestations" depuis le 22 février, ces personnalités proposent une "période de transition de courte durée, conduite par des hommes et des femmes n'ayant jamais appartenu au système profondément corrompu des vingt dernières années".
Selon eux, "cette période est nécessaire pour mettre en place les mécanismes et dispositions permettant au peuple souverain d'exprimer librement et démocratiquement son choix à travers les urnes".
"La situation de blocage par le maintien de la date du 4 juillet ne pourra que retarder l'avènement inéluctable d'une nouvelle République", estiment-ils.
"Car comment peut-on imaginer des élections libres et honnêtes alors qu'elles sont d'ores et déjà rejetées par l'immense majorité de la population parce qu'organisées par des institutions encore aux mains de forces opposées à tout changement".
Le chef d'état-major de l'armée, le général Ahmed Gaïd Salah, avait affirmé fin avril que la présidentielle du 4 juillet, dans le cadre de la constitution, était la "solution idéale" pour sortir de la crise.
Devenu de facto l'homme fort du pays depuis le 2 avril, il avait ainsi opposé implicitement une fin de non recevoir aux revendications des manifestants qui réclament la mise en place d'institutions de transition ad hoc pour gérer l'après-Bouteflika.
Le mouvement de contestation dont l'Algérie est le théâtre depuis le 22 février reste mobilisé, notamment chaque vendredi, pour réclamer le départ de l'ensemble du "système" au pouvoir.