Un général algérien à la retraite, emprisonné pour avoir tenu des propos critiques envers le président Abdelaziz Bouteflika et son frère Saïd, a été libéré provisoirement lundi, ont indiqué deux de ses avocats à l'AFP.
Le général Hocine Benhadid, 72 ans, en détention provisoire depuis plus de neuf mois, est atteint de plusieurs pathologies, dont un cancer, et risquait de mourir en prison, avaient annoncé samedi ses avocats, cités par la presse algérienne.
"Il est sorti (lundi) après-midi sur ordonnance du juge d'instruction", a déclaré lundi à l'AFP Me Mustapha Bouchachi, l'un de ses avocats, qui a espéré "que la prochaine étape soit un non-lieu" et qu'il n'y ait pas de procès.
"C'est une très bonne nouvelle. L'émotion provoquée par cette libération provisoire n'a d'égal que le triomphe du droit à la justice", a réagi un autre de ses avocats, Me Khaled Bourayou, joint au téléphone par l'AFP.
Aucune annonce officielle concernant cette libération provisoire n'a été faite, mais plusieurs médias l'ont attribuée à des raisons de santé.
Le général Hocine Benhadid avait été interpellé le 30 septembre, deux semaines après une interview polémique à la Radio M (du site Maghreb Emergent). Il y avait critiqué plusieurs hauts responsables, dont Saïd Bouteflika, le frère de l'actuel président, Ahmed Gaïd Salah, le chef d'état-major et vice-ministre de la Défense, et Ali Haddad, président du Forum des chefs d'entreprises (FCE), puissante organisation patronale.
Il est accusé, selon ses avocats, d'avoir "participé en connaissance de cause à une entreprise de démoralisation de l'armée ayant pour objet de nuire à la défense nationale", et risque une peine de prison allant de cinq à dix ans.
"Il n'y a pas de délit", avait déclaré en février Me Bouchachi, également militant des droits de l'Homme. Le général Hocine Benhadid "est un Algérien qui a exprimé un avis sur la situation en Algérie. C'est un droit constitutionnel (...) Les faits qu'on lui reproche ne peuvent pas dépasser la qualification de délit de diffamation", avait-il ajouté.
Le général Benhadid avait entamé en février une grève de la faim car il n'avait plus d'autre moyen de réclamer justice, selon ses avocats.
Avec AFP