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L'ex-président du Yémen tué par ses anciens alliés Houthis


Des partisans de l'ancien président yéménite Ali Abdallah Saleh lors d'un rassemblement à Sanaa pour marquer le 35e anniversaire de la création du parti de Saleh, le Congrès populaire général, Yémen, le 24 août 2017.
Des partisans de l'ancien président yéménite Ali Abdallah Saleh lors d'un rassemblement à Sanaa pour marquer le 35e anniversaire de la création du parti de Saleh, le Congrès populaire général, Yémen, le 24 août 2017.

Ali Abdallah Saleh a été tué par des rebelles Houthis, quelques jours après la rupture de l'alliance entre les deux camps rebelles, à l'origine d'affrontements meurtriers dans la capitale Sanaa.

La mort de l'ex-dirigeant, 75 ans dont 33 au pouvoir, pourrait constituer un tournant dans le conflit qui ensanglante le Yémen sans pour autant améliorer le sort des civils.

Au centre de la "pire crise humanitaire au monde" selon l'ONU, cette guerre avive les tensions autour de la rivalité entre l'Arabie saoudite sunnite et l'Iran chiite, accusé par Ryad de soutenir militairement les rebelles Houthis, ce que la République islamique réfute.

"Le ministère de l'Intérieur (contrôlé par les Houthis) annonce la fin de la milice de la trahison et la mort de son chef (Ali Abdallah Saleh) et d'un certain nombre de ses éléments criminels", a affirmé la télévision des Houthis, Al-Massirah, en citant un communiqué.

Une vidéo remise à un journaliste de l'AFP par les Houthis montre le cadavre de ce qui semble être l'ancien président Saleh, évincé du pouvoir en 2012 dans le sillage du Printemps arabe.

Ce décès a par la suite été confirmé par une dirigeante de son parti, le Congrès populaire général (CPG). "Il est tombé en martyr", a dit Faïka al-Sayyed.

Selon elle, l'ancien président et d'autres hauts responsables du CPG ont été la cible de tirs nourris de Houthis alors qu'ils quittaient Sanaa vers des zones tenues par des forces pro-Saleh.

Une source militaire sous couvert de l'anonymat a précisé à l'AFP qu'un convoi de quatre véhicules avait été bloqué à environ 40 km au sud de la capitale. Ali Abdallah Saleh a été tué par balle, avec le secrétaire général du CPG, Arif Al-Zouka, et son adjoint Yasir al-Awadi.

Dans un discours retransmis sur Al-Massira, Abdelmalek Al-Houthi, 38 ans, s'est félicité en soirée de "l'échec du complot", sans mentionner le sort de l'ex-président Saleh.

Sa mort intervient moins d'une semaine après la violente rupture d'alliance entre M. Saleh et les rebelles Houthis, issus de la minorité zaïdite, une branche du chiisme.

'Activer la marche'

Après s'être longtemps combattus, cette alliance avait été scellée il y a trois ans et, depuis, les deux camps contrôlaient conjointement la capitale au détriment du gouvernement internationalement reconnu d'Abd Rabbo Mansour Hadi, réfugié dans le sud.

Les affrontements qui ont éclaté mercredi ont fait au moins 100 morts et blessés --des combattants mais aussi des civils--, selon des sources de sécurité et hospitalières.

Dans le cadre de ce revirement d'alliance, Ali Abdallah Saleh avait tendu la main samedi à l'Arabie saoudite, en échange d'une levée du blocus qui étrangle le Yémen. Les Houthis avaient dénoncé la "grande trahison" de M. Saleh.

Lundi, espérant profiter de l'effondrement de cette alliance, l'actuel président yéménite Hadi a "donné pour ordre à son vice-président Ali Mohsen al-Ahmar, qui se trouve à Marib (100 km de Sanaa), d'activer la marche (...) vers la capitale", a annoncé un membre de son entourage.

Baptisée "Sanaa l'Arabe", l'opération --à l'issue plus qu'incertaine-- consisterait, selon cette source, à prendre la capitale en tenailles sur plusieurs fronts.

D'après des sources militaires loyalistes à Marib, sept bataillons ont reçu l'ordre de marcher sur Sanaa sur le front est.

Outre le soutien de la coalition sous commandement saoudien, les militaires loyalistes se sont assurés l'appui des tribus de Khawlane qui contrôlent l'est de Sanaa, ont ajouté les mêmes sources.

Proposition d'amnistie

Pour tenter d'affaiblir les Houthis, le gouvernement Hadi a également annoncé sa volonté d'offrir une amnistie à tous ceux qui cessaient de collaborer avec ce groupe rebelle, une main tendue aux pro-Saleh.

M. Hadi "proposera prochainement une amnistie générale à tous ceux qui ont collaboré avec les Houthis et ont décidé de se rétracter", a affirmé le Premier ministre Ahmed ben Dagher à Aden, la grande ville du sud.

Mais à Sanaa, les Houthis donnaient l'impression lundi de prendre le dessus sur les forces de M. Saleh, selon des journalistes sur place.

La guerre au Yémen a fait plus de 8.750 morts depuis mars 2015, date à laquelle la coalition arabe emmenée par l'Arabie saoudite est intervenue militairement en soutien du gouvernement Hadi.

Soumise à un blocus imposé par Ryad, le pays est actuellement confronté à la "pire crise humanitaire du monde", selon l'ONU.

Les derniers développements font craindre des risques encore accrus, en particulier à Sanaa: non seulement des affrontements entre rebelles se poursuivaient lundi soir, mais la capitale a été secouée la nuit précédente par des raids.

La coalition sous commandement saoudien a exhorté lundi les civils à se tenir à "plus de 500 mètres" des zones contrôlées par les Houthis, laissant supposer une intensification.

Les raids aériens de la nuit de dimanche auraient visé des cibles proches de l'aéroport international et du ministère de l'Intérieur, sous contrôle des Houthis, d'après des habitants et une source aéroportuaire.

Parallèlement, d'après des habitants, les combats qui ont éclaté entre factions rivales de la rébellion se sont étendus hors de Sanaa, ainsi qu'à Sanhan, ville natale de M. Saleh, au sud de la capitale, d'après des sources tribales.

Avec AFP

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