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Amnesty demande l'arrêt des "expulsions forcées" à Abidjan


Un homme porte des matelas sur ses épaules près à Marcory Anoumabo, Abidjan, le 23 mars 2024.
Un homme porte des matelas sur ses épaules près à Marcory Anoumabo, Abidjan, le 23 mars 2024.

Amnesty International a appelé mercredi à "mettre immédiatement un terme aux expulsions forcées" et démolitions massives conduites depuis janvier par le district d'Abidjan dans les quartiers précaires. Selon l'ONG, plusieurs dizaines de milliers d'Abidjanais ont déjà été chassés de chez eux.

A la suite d'une enquête de terrain réalisée en juin dans quatre quartiers de la capitale économique touchés par ces opérations de destruction (Gesco, Banco 1, Boribana et Abattoir), Amnesty rapporte que toutes les personnes interrogées "ont déclaré qu'elles n'avaient pas été consultées sur les conditions des expulsions" ni "dûment informées du jour des démolitions".

En plus des habitations et des commerces mis à terre, au moins deux écoles ont été détruites, dont une école coranique dans le quartier Banco 1, poursuit l'ONG, "privant d'éducation des enfants et des jeunes, sans qu'aucune solution ne soit proposée". En outre, "les autorités n'ont pas procédé à un recensement systématique" avant de commencer les démolitions, affirme-t-elle, rendant impossible le décompte exhaustif et l'indemnisation de toutes les victimes.

Mi-mars, le gouvernement ivoirien avait annoncé des mesures d'aides au relogement, notamment le versement de 250.000 francs CFA (381 euros) par ménage. Mais début août, des milliers de familles n'avaient "toujours pas été relogées et/ou indemnisées" pour les pertes subies, a indiqué Amnesty.

Cette campagne de "déguerpissements" est défendue par le parti au pouvoir, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), qui dit vouloir réduire les conséquences des inondations et des éboulements, dans lesquels des dizaines de personnes meurent chaque année dans cette métropole peuplée de plus de six millions d'habitants.

"Dans notre marche vers le développement, les décisions parfois difficiles que nous avons à prendre peuvent provoquer des incompréhensions ou même de la colère", s'est défendu le 6 août Alassane Ouattara. Il a toutefois déclaré vouloir "minimiser les conséquences" subies par la population au cours de ces opérations.

En février, le Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) de Côte d'Ivoire avait déjà accusé les autorités de conduire ces destructions "au mépris des droits fondamentaux" et "sans concertation".

Deux personnes sont mortes fin juillet lors d'une opération similaire à Adjamé Village, un village traditionnel situé en plein cœur d'Abidjan. Des heurts avaient éclaté entre les forces de l'ordre et des habitants qui s'opposaient à la destruction de leurs biens.

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