Saro-Wiwa avait été condamné à mort avec huit autres personnes sous le régime militaire de Sani Abacha, pour le meurtre de personnalités ogonies et pendu le 10 novembre 1995 à Port-Harcourt. Son exécution avait provoqué un tollé international et la suspension du Nigeria du Commonwealth pour quatre ans.
Au cours d'une campagne non violente, ce défenseur de l'environnement, membre de la minorité ogonie, avait alerté l'opinion mondiale sur les désastres écologiques liées à l'exploitation du pétrole dans cette région pauvre du sud du Nigeria.
Un rassemblement a eu lieu mardi dans la principale ville du pays ogoni, Bori, point d'orgue à plusieurs jours de commémorations incluant des cérémonies religieuses, des lectures de poèmes, des concerts et des défilés aux flambeaux.
Mais cela a aussi été l'occasion pour des habitants de cette région dont une grande partie de la population vit de la pêche et de l'agriculture de dire que beaucoup de questions soulevées par Saro-Wiwa sur la pollution pétrolières étaient toujours d'actualité vingt ans après sa mort.
"Le gouvernement n'a rien fait, ou si peu, pour soulager les souffrances du peuple ogoni ou répondre à leurs griefs", a déclaré Ledum Mitee, qui était l'adjoint de l'écrivain au sein du Mouvement pour la survie du peuple ogoni (MOSOP).
Un rapport de 2011 du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) avait recommandé que le gouvernement nigérian et le géant pétrolier anglo-néerlandais Shell participent à une grande opération de nettoyage du delta du Niger.
Des organisations de défense des droits de l'Homme, dont Amnesty International, ont accusé la semaine dernière Shell de ne pas avoir tenu ses engagements.
"Le niveau de pauvreté dans le pays ogoni reste élevé", a ajouté à l'AFP Ledum Mitee, qui avait été acquitté en 1995.
"Les gens restent confrontés à des problèmes d'eau, de conditions de vie décentes, de pollution de l'environnement, de dévastation de terres arables et de flambées de gaz", a-t-il dit.
Mardi, le chef de la Commission nigériane des droits de l'homme, Chidi Odinkalu, a déclaré de son côté que le procès de l'écrivain et de ses co-accusés avait été "profondément vicié".
Il a estimé qu'une grâce à titre posthume représentait le seul moyen de rétablir l'intégrité de l'Etat qui "a violé ses propres lois pour obtenir une exécution".
Avec AFP