"Je pense qu’il faut libérer tous les prisonniers sans condition si nous voulons aller à la réconciliation", prévient Simoine Datte. Son mari est un prisonnier politique.
Présidente du collectif des femmes des détenus de la crise post-électorale (COFED), elle lutte pour la libération de tous les détenus politiques.
Simone Datte a confié VOA Afrique le calvaire des membres de l’association qu’elle dirige.
"Ce n’est pas facile. On vit dans l’angoisse, la tristesse totale, la désolation. Tu ne sais même pas où ton époux se trouve. Et si tu as la chance de savoir où il est, leurs conditions sont déplorables. Pour voir nos époux, c’est compliqué. Les enfants demandent souvent où est leur père".
Simone et les autres membres de son organisation tentent depuis des mois de rallier le maximum de soutien à leur cause.
"Nous avons mené des actions diplomatiques, rencontrées le nonce apostolique, le cardinal, les chefs religieux et coutumiers et d’autres personnalités. Nous avons fait des sit-in, des grèves de la faim et plusieurs autres actions. En dépit de cela, il y a encore de nombreuses personnes en détention".
Antoinette Meho fait partie des prisonniers pour qui le collectif s’est mobilisé.
Âgée de 61 ans et mère de six enfants, cette dame avait été arrêtée en août 2016 pour atteinte à la sûreté de l’État.
Après neuf mois de détention sans jugement, elle a été libérée en mai dernier. Pour elle, la libération de tous les détenus politiques sera un signal fort en vue de la réconciliation nationale.
"Quand on parle de réconciliation et de paix, on ne doit pas avoir des prisonniers politiques injustement détenus dans les prisons. Qu’ils soient tous libérés pour que nous allions à la réconciliation, à la paix et au développement du pays".
Il y a quelques jours, Hubert Oulaye, un haut cadre du FPI, le parti de Laurent Gbagbo, bénéficiait de la liberté provisoire après deux années de détention.
Selon le Collectif des femmes des détenus, quelque 200 personnes civiles et militaires sont toujours gardées dans les prisons et sans jugement.
Georges Ibrahim Tounkara, Abidjan, VOA Afrique