Une "Conférence nationale sur l'éducation sexuelle complète en Tunisie" se tient durant deux jours, mardi et mercredi, à Tunis, à l'appel de plusieurs ONG et du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA). Elle réunit une cinquantaine d'experts sur l'éducation et la santé.
Avec le recul de l'âge du mariage en Tunisie --passé chez les femmes de 24,8 ans en 1995 à 27,7 en 2005--, le nombre de rapports sexuels hors mariage est en constante augmentation, a souligné le sociologue Senim Ben Abdallah.
Si "l'initiation à la vie sexuelle" est "plus précoce", le "manque d'informations" expose la jeunesse à des "comportements à risque" qui peuvent mener à des "infections sexuellement transmissibles" (IST), des "interruptions volontaires de grossesse" (IVG) ou à des "naissances non désirées", a ajouté cet expert.
En 2009, l'âge moyen pour le premier rapport sexuel en Tunisie était de 16,4 ans pour les filles et 17,4 ans pour les garçons, d'après une enquête de l'Office national de la famille et de la population (OPNFP).
Et plus de huit jeunes sur 10 disent ne pas avoir utilisé de préservatif lors de leur premier rapport, a renchéri M. Ben Abdallah, citant une seconde étude.
Les autorités doivent par conséquent mettre en place une "éducation sexuelle complète" dans les établissements scolaires, ont fait valoir les intervenants, qui s'exprimaient en présence d'un responsable du ministère de l'Education.
Des ONG locales ont présenté des initiatives prises pour sensibiliser la population.
L'association Y-Peer Tunisie a ainsi mis en avant le "dialogue interjeunes", qui consiste à encourager le partage d'expériences en matière d'apprentissage de la sexualité.
Même si elle est considérée dans le monde arabe comme un pionnier en matière de libertés individuelles, la Tunisie reste un pays conservateur sur ces sujets. L'éducation sexuelle reste perçue comme un encouragement à la sexualité.
Quant aux relations sexuelles hors mariage, si elles ne sont pas officiellement interdites, elles demeurent largement taboues.
Avec AFP