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Après un an d'incertitude politique, Haïti élit son président


Les bureaux de vote accueillent les Haïtiens qui élisent leur président le 20 novembre 2016.
Les bureaux de vote accueillent les Haïtiens qui élisent leur président le 20 novembre 2016.

Quelque 6,2 millions d'électeurs haïtiens ont commencé à voter dimanche pour élire leur futur président ainsi que des députés et sénateurs, après une année de crise institutionnelle et un ouragan dévastateur en octobre.

Les rues de Port-au-Prince, habituellement encombrées par d'importants embouteillages, sont désertes malgré la décision des autorités de ne pas interdire la circulation de véhicules comme lors des précédents scrutins.

Cette absence de trafic fait le bonheur des plus jeunes qui transforment les voies publiques en de multiples petits terrains de football.

Sous un ciel menaçant, les files d'attente s'allongent devant certains bureaux de vote car les policiers présents en nombre fouillent les électeurs, avant de ne les laisser passer la barrière d'entrée que par groupe de dix.

Une fois leurs bulletins glissés dans les urnes en plastique transparent, sous la surveillance des agents électoraux, les électeurs repartent le pouce couvert d'encre indélébile, sécurité assurant qu'une personne ne peut voter plus d'une fois.

Parmi les 27 candidats à la présidence se détachent trois favoris: Jovenel Moïse, choisi par l'ancien chef de l'Etat Michel Martelly pour représenter son parti le PHTK (Parti haïtien Tèt kale), Jude Célestin sous la bannière de la Ligue alternative pour le progrès et l'émancipation haïtienne (Lapeh) et Maryse Narcisse, porte-parole de l'ancien président Aristide.

Vingt-cinq postes de députés sur 109 sont également en jeu ainsi que 16 sièges de sénateurs sur 30.

Ces scrutins avaient été organisés en octobre 2015 mais, à la suite de vives contestations de l'opposition d'alors, et devant les preuves de fraudes massives, les autorités ont décidé d'annuler l'élection et de reprendre le processus à zéro.

Cette annulation a empêché Michel Martelly, élu président en 2011, de transmettre le pouvoir à un successeur élu au suffrage universel le 7 février 2016 comme le veut la Constitution haïtienne.

Pour assurer l'intérim, le parlement a exceptionnellement élu en février Jocelerme Privert, alors président du Sénat, au poste de président provisoire pour un mandat de trois mois mais, dans un pays politiquement divisé et aux institutions faibles, réorganiser les élections dans ce court délai s'est révélé mission impossible.

Finalement programmé le 9 octobre, le premier tour de la présidentielle avait été à nouveau reporté en raison du passage dévastateur de l'ouragan Matthew sur la moitié sud du pays le 4 octobre.

Résultats le 29 décembre

Jude Célestin a voté à la mi-journée dans la commune de Pétionville, sur les hauteurs de l'aire métropolitaine et le candidat est optimiste quant à la bonne tenue du scrutin.

"Je vois qu'à Pétionville et dans plusieurs autres quartiers, la participation est en augmentation. Contrairement à ce que l'on pensait, dans les villes touchées par l'ouragan, les gens sont plutôt allés voter", a déclaré Jude Célestin, assailli par les journalistes et les agents de sécurité.

En début de matinée, l'ancien président Michel Martelly est venu remplir son devoir de citoyen dans le même centre de vote, où s'est également rendu le chanteur Wyclef Jean.

"Nous avons des personnes formidables à travers le monde qui sont d'origine haïtienne et qui veulent revenir, s'impliquer mais ce qui arrive c'est qu'elles sont bloquées par les votes du parlement qui empêchent la diaspora de participer", regrette le chanteur qui vit aux Etats-Unis.

La diaspora haïtienne, estimée à plus de 3 millions de personnes, ne peut voter en dehors du territoire national et tout candidat à un poste électif dans le pays ne peut jouir d'une seconde nationalité, ce qui freine la participation politique des Haïtiens d'origine.

Pour cette reprise du processus électoral, des changements notables ont été effectués pour limiter les fraudes: de nouveaux isoloirs garantissant plus de discrétion ont été installés et les représentants des partis politiques sont identifiés avec une carte où figure cette fois-ci leur photo, ce qui rend impossible tout trafic de ces documents.

Les autorités ont fait leur possible pour rassurer la population qui craint toujours pour sa sécurité le jour d'une élection: en août 2015, le premier tour des législatives avait été émaillé de violences obligeant l'annulation du vote dans près d'un quart des circonscriptions.

Tous les ports d'armes ont été suspendus dimanche et aucun véhicule ne peut s'approcher à moins de 100 mètres d'un bureau de vote.

Plus de 9.400 policiers nationaux ont été mobilisés à travers le pays, secondés par 1.400 policiers de la mission de l'ONU en Haïti.

Les résultats officiels du 1er tour doivent être rendus publics le 29 décembre. Si aucun candidat à la présidence n'obtient plus de 50% des suffrages, un second tour est prévu le 29 janvier 2017.

Avec AFP

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