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MSF accuse l'armée nigériane d'avoir largué deux bombes sur Rann


On réconforte des blessés après un attentat à la bombe contre un camp de déplacés à Rann, au Nigeria, le 17 janvier 2017.
On réconforte des blessés après un attentat à la bombe contre un camp de déplacés à Rann, au Nigeria, le 17 janvier 2017.

L'aviation nigériane a largué mardi deux bombes sur Rann, dans le nord-est du Nigeria, faisant au moins 70 morts dans un camp de déplacés, a affirmé jeudi un employé de Médecins sans frontières (MSF) qui était sur place.

Ces bombardements accidentels ont eu lieu alors que les humanitaires distribuaient de la nourriture à Rann, où près de 40.000 personnes ont trouvé refuge après avoir fui les violences du groupe islamiste Boko Haram.

"La première bombe est tombée à 12h35. Cinq minutes plus tard, l'avion a fait une seconde rotation et a lâché une deuxième bombe", a déclaré Alfred Davies, coordinateur terrain au Nigeria, dans un témoignage publié par MSF.

Alfred Davies n'a "pas vu l'avion", mais affirme que "les bombes ont été lâchées sur des maisons" dans le centre de Rann et que "la distribution (de nourriture) a sauvé beaucoup de personnes".

"Ceux qui faisaient la queue à cette heure-là pour recevoir des biens de première nécessité comme des nattes et des couvertures n'étaient pas dans le centre-ville et ont échappés aux bombes", a-t-il expliqué.

"Ce que j'ai vu est indescriptible", dit-il. "Certains avaient les os brisés et les chairs déchirées, les intestins qui pendaient au sol. J'ai vu des corps d'enfants coupés en deux".

"Les tentes étaient littéralement jonchées de blessés, on ne pouvait pas circuler. Beaucoup d'entre eux étaient à l'extérieur, allongés sur des nattes sous des arbres".

Jusqu'à récemment, les agences d'aide locales et internationales n'avaient pu se rendre à Rann en raison notamment des mauvaises routes et de l'insécurité, bien que les populations manquent de tout, et en priorité de nourriture. MSF était sur place depuis moins d'une semaine.

"C'est la conséquence du chaos de la guerre", a affirmé mardi le général nigérian Lucky Irabor, affirmant que l'armée pensait viser des combattants islamistes censés s'être regroupés dans la région.

Citant une source militaire anonyme, le quotidien nigérian The Nation a affirmé jeudi le bombardement était un "échec du renseignement", l'armée nigériane ayant agi sur la base informations fournies par un "pays étranger".

L'insurrection de Boko Haram, qui a pris les armes en 2009, a dévasté le nord-est du Nigeria, faisant plus de 20.000 morts et 2,6 millions de déplacés.

Les autorités ont affirmé récemment avoir chassé les rebelles de leur "dernier bastion" dans la forêt de Sambisa, dans l'État du Borno, mais les attaques sur les troupes comme sur les civils n'ont jamais cessé.

Avec AFP

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