Les trois jeunes femmes, qui avaient peint leurs seins avec les couleurs noir-jaune-rouge du drapeau ougandais, ont été interceptées par les forces de l'ordre alors qu'elles marchaient en direction du parlement, en scandant "Sauvez les enfants, sauvez les femmes, sauvez le futur, mettez fin à la corruption", selon une vidéo de leur action publiée sur les réseaux sociaux.
Elles avaient peint sur leur corps divers slogans comme "No corruption" ("pas de corruption"), "Anita Démission" (du nom d'Anita Among, la présidente du parlement) ou encore "Kiteezi était évitable", en référence à un effrondrement dans une décharge d'ordures située dans le quartier du même nom qui a fait au moins 34 morts le 10 août.
"L'Ouganda n'est pas pauvre, ils volent sa richesse", pouvait-on également lire sur une de leurs pancartes.
Contacté par l'AFP, leur avocat Eron Kiiza a indiqué qu'elles étaient "détenues au commissariat central de la police de Kampala".
Elles ont ensuite comparu devant un tribunal puis été placées en détention provisoire dans une prison de haute sécurité. Elles sont citées à comparaître le 12 septembre, selon l'acte d'accusation consulté par l'AFP et confirmé par leur avocat.
Elles sont poursuivies pour manifestation publique non autorisée "en étant à moitié nues et avec des inscriptions sur leurs corps" et pour "nuisance ou obstruction ou désagrément au public".
Les trois jeunes femmes appartiennent à un collectif baptisé" "les militants de la liberté d'Ouganda" ("Uganda Freedom Activists") qui avait organisé une marche contre la corruption le 23 juillet, s'inspirant du mouvement de contestation antigouvernementale de jeunesse qui a secoué le Kenya voisin.
Parmi les trois militantes arrêtées figure Praise Aloikin Opoloje, une étudiante en droit qui était l'une des meneuses de cette marche, a précisé l'avocat.
Elle avait été arrêtée avec des dizaines d'autres personnes qui avaient bravé ce jour-là l'interdiction de manifester prononcée par les autorités.
Le président Yoweri Museveni, qui dirige le pays d'une main de fer depuis 1986, avait déclaré que cette marche était le fait d'"éléments qui travaillent pour des intérêts étrangers".
Classé 141e (sur 180 pays) dans l'indice de la corruption de l'ONG Transparency International, l'Ouganda a connu plusieurs scandales de corruption, abus de bien sociaux et détournements de fonds mêlant des responsables politiques.
Fin mai, les Etats-Unis ont imposé des sanctions contre quatre hauts responsables ougandais, dont Anita Among, en raison de faits de "corruption significative".
Le gouvernement avait dénoncé cette décision, appelant au respect de sa "souveraineté" et de sa "justice".
Un mois plus tôt, le Royaume-Uni avait également annoncé des sanctions contre Mme Among et deux anciennes ministres pour un motif similaire.
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