Cette tragédie intervient alors que nombre de Pakistanais sont sur les routes pour rejoindre leur famille à l'occasion des festivités d'Aid-al-Fitr, fête musulmane majeure marquant la fin du mois sacré du ramadan.
Des riverains déambulaient parmi des dizaines de corps et véhicules carbonisés, après la catastrophe qui a eu lieu près de la ville d'Ahmedpur East, à 500 km au sud de Lahore.
Le camion, qui transportait 40.000 litres de carburant du port de Karachi jusqu'à Lahore, s'est couché tôt dimanche matin sur l'autoroute reliant ces deux métropoles.
La police routière, arrivée sur place immédiatement après l'accident, a tenté en vain d'éloigner la population accourue pour profiter de l'aubaine, a indiqué son porte-parole Imran Shah.
"Les habitants du village voisin de Ramzanpur Joya se sont précipités sur le site avec des seaux et d'autres contenants et de nombreuses personnes à moto se sont arrêtées pour récupérer le carburant", a indiqué à l'AFP le chef de la police régionale, Raja Riffat, faisant état d'au moins 123 morts.
"Dix minutes plus tard, le camion citerne a explosé, créant une énorme boule de feu qui a englouti tous ceux qui récupéraient le carburant".
Le feu s'est très vite propagé à une vaste portion de route, où de nombreuses personnes étaient piégées dans l'embouteillage déclenché par l'accident.
Plus de 100 carcasses de véhicules carbonisés, voitures, minibus et motos, jonchaient la chaussée où étaient éparpillées gamelles, casseroles, jerrycans et seaux que les victimes avaient apportés pour collecter le carburant.
Après l'incendie, des dizaines de riverains se sont rassemblés près du site, se lamentant sur le sort de leur proches.
"Nous sommes sous le choc", a déclaré Hafiz Sohail, en attendant le corps de son oncle et de son cousin de 13 ans, tous les deux décédés en tentant de récolter un peu d'or noir.
"Qu'est ce qu'on va faire de cete essence, maintenant? A quoi ça servait de faire ça?" déplorait un autre habitant, Sohail, pointant du doigt un seau, et racontant avoir vu le chauffeur crier aux gens de s'éloigner, en vain.
Parmi la centaine de blessés hopsitalisés, nombre étaient très grièvement brûlés, à plus de 80%, a indiqué un médecin local sous couvert d'anonymat.
- Mauvais élève -
Les hôpitaux de la région ont été placés en état d'alerte et des blessés ont été évacués par hélicoptère.
L'armée a mobilisé un avion de transport C-130 pour en transporter certains jusqu'à Lahore.
Le Premier ministre et le président ont fait part de leur profonde tristesse.
Le conducteur, placé en garde à vue, a indiqué que le camion s'était renversé après qu'un pneu eut éclaté, a indiqué le ministre de la Justice du Pendjab, Rana Sanaullah, précisant que des analyses ADN seront menées pour identifier les corps.
Le Pakistan est un très mauvais élève en matière de sécurité routière, en raison du mauvais état des routes, du manque d'entretien des véhicules et de l'imprudence des conducteurs.
En 2015, au moins 62 personnes dont nombre d'enfants et de femmes avaient péri dans le sud du pays, lorsque leur bus était entré en collision avec un camion citerne de pétrole, déclenchant un puissant incendie.
La fin du ramadan a déjà été endeuillée par une série d'attentats qui ont fait au moins 65 morts à travers le pays, déclenchant des mesures de sécurité supplémentaires.
Le bilan d'un double attentat vendredi contre un marché bondé d'une localité majoritairement chiite près de la frontière afghane est passé à 51 morts dimanche. Le même jour, un attentat visant la police avait fait 14 morts à Quetta (sud ouest) et quatre policiers avaient été abattus à Karachi.
Sur les réseaux sociaux dimanche, des internautes faisaient part de leur profonde tristesse et de leur solidarité avec les victimes de l'incendie du camion ainsi que celles des attentats de vendredi, priant pour célébrer Aid en paix lundi.
Avec AFP