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Lacrymogènes et défilés contre l'armée soudanaise et les violences tribales


Les gens défilent lors d'une manifestation contre le régime militaire dans la région de Bashdar du district d'el-Diam à Khartoum, la capitale du Soudan, le 16 juin 2022.
Les gens défilent lors d'une manifestation contre le régime militaire dans la région de Bashdar du district d'el-Diam à Khartoum, la capitale du Soudan, le 16 juin 2022.

Les prodémocratie au Soudan ont essuyé dimanche des tirs de grenades lacrymogènes lors de manifestations dédiées aux dizaines de victimes d'un nouveau conflit tribal, illustrant selon eux l'incapacité du pouvoir militaire à gérer le pays, l'un des plus pauvres au monde.

Dans le centre de Khartoum, des centaines de manifestants hostiles au pouvoir installé après le coup d'Etat mené en octobre par le général Abdel Fattah al-Burhane ont tenté d'approcher du palais présidentiel.

Dans un ballet hebdomadaire depuis neuf mois, les forces de sécurité ont tiré des grenades lacrymogènes pour les repousser, avant que la vague de protestataires ne revienne, comme à chaque défilé, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Ces échauffourées dégénèrent régulièrement en violences meurtrières et la répression a fait depuis octobre 114 morts et des milliers de blessés, selon des médecins prodémocratie.

Conflit intercommunautaire au Soudan: le bilan s'est alourdi à 31 morts
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Cette journée de mobilisation est un test.

Le front anti-armée s'était lancé début juillet dans un bras de fer avec le pouvoir au lendemain de la journée de répression la plus sanglante de l'année --neuf manifestants tués le 30 juin. Il avait toutefois ensuite levé des sit-in qu'il promettait "illimités" au moment de la fête musulmane de l'Aïd al-Adha la semaine passée.

- Don de sang collectif -

Face aux manifestants, les forces de l'ordre avaient installé dès l'aube des blocs de béton en travers des ponts reliant la capitale à ses banlieues, ainsi que des principales artères menant au QG de l'armée, habituel lieu de manifestation.

Si à chaque fois des portraits des manifestants tués sont brandis, ce dimanche, ce sont d'autres morts que les manifestants ont décidé de mettre à l'honneur: les 60 victimes, selon le dernier bilan du ministre de la Santé du Nil Bleu, d'un conflit tribal déclenché lundi dernier près d'al-Damazine, chef-lieu de cet Etat frontalier de l'Ethiopie.

"Al-Damazine saigne", pouvait-on lire sur une pancarte brandie dans le centre de Khartoum.

D'autres manifestants criaient des slogans comme "Non au racisme, non au tribalisme".

A Wad Madani, à 200 kilomètres plus au sud, les manifestants ont défilé vers l'hôpital "pour donner du sang à nos frères blessés dans les affrontements au Nil Bleu", a rapporté à l'AFP l'un des organisateurs de ce cortège, Ammar Mohammed.

Car dans le Nil Bleu, comme dans la plupart des Etats du Soudan, les médecins, les médicaments, les lits d'hôpitaux et les équipements manquent cruellement. Et avec 163 blessés, toujours selon le ministre de la Santé, "tous les équipements de premiers soins ont été épuisés", prévenaient dès samedi les médecins.

- Violence tribale, gains politiques -

Les affrontements entre les tribus Barti et Haoussa, ont éclaté lundi après que la tribu Barti a rejeté la demande des Haoussas de créer une "autorité civile chargée de superviser l'accès aux terres", selon un membre éminent des Haoussas.

Mais selon un membre important des Bartis, la tribu répondait à une "violation" de ses terres par les Haoussas.

Des dizaines de Haoussas ont bloqué l'entrée ouest de la ville de Kassala (est) avec des pneus enflammés et des pierres "en solidarité avec notre peuple dans le Nil (bleu), pour arrêter leur meurtre et leur déplacement", a rapporté Mohammed Abkar.

Dimanche, selon des témoins sur place, des troupes envoyées en renfort par Khartoum maintenaient le calme à al-Damazine et ses environs.

Mais pour les anti-putsch, la clé du problème tribal --qui a fait des centaines de morts, notamment au Darfour (ouest) ces derniers mois-- est entre les mains des généraux et de leurs alliés ex-rebelles à Khartoum qui, accusent-ils, exacerbent les tensions ethniques et tribales pour leurs gains personnels.

Samedi, des dizaines de familles --majoritairement des femmes et des enfants-- avaient fui leur maison par peur des balles perdues à al-Damazine.

"La violence n'est jamais une solution", a répondu l'Unicef alors que deux enfants sont déjà morts de malnutrition cette année dans le pays où, selon l'ONU, d'ici septembre un Soudanais sur deux connaîtra la faim.

Le Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord (MPLS-N), principale faction armée du Nil Bleu, a nié dimanche toute implication dans les affrontements.

Ajoutant à la détresse des plus vulnérables, la saison des pluies a également fait son lot de victimes dans ce vaste pays d'Afrique de l'Est. Les autorités ont annoncé dimanche que 12 personnes avaient été tuées vendredi et 30 maisons emportées au Darfour-Sud.

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