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Les appels à négocier se multiplient pour arrêter les "crimes de guerre" au Soudan


Pour les experts, les chefs des deux camps ont fait le choix d'une guerre d'usure et d'une victoire militaire plutôt que de concessions à la table des négociations.
Pour les experts, les chefs des deux camps ont fait le choix d'une guerre d'usure et d'une victoire militaire plutôt que de concessions à la table des négociations.

Human Rights Watch (HRW) a exhorté mardi la Cour pénale internationale (CPI) à enquêter sur les "crimes de guerre" au Darfour, dans l'ouest du Soudan où les combats se poursuivent malgré les appels à une "sortie de crise négociée".

Lundi, le Quartet de l'Igad, le bloc de l'Afrique de l'Est auquel appartient le Soudan, avait appelé "à signer un cessez-le-feu inconditionnel" devant les représentants des paramilitaires soudanais. L'armée soudanaise, en guerre contre les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), boycotte elle, cette réunion à Addis Abeba.

Pour les experts, les chefs des deux camps, le général paramilitaire Mohamed Hamdane Daglo et le patron de l'armée le général Abdel Fattah al-Burhane ont depuis le début de la guerre le 15 avril fait le choix d'une guerre d'usure et d'une victoire militaire plutôt que de concessions à la table des négociations.

"Sortie de crise négociée"

Pour l'ambassadeur américain John Godfrey, évacué du Soudan au début de la guerre, "une 'victoire' militaire d'un des deux belligérants signifierait un coût humain et des dégâts inacceptables pour le pays", déjà l'un des plus pauvres au monde.

Il faudrait plutôt "trouver une sortie de crise négociée" a prévenu le diplomate. Selon lui, celle-ci "ne doit pas – et ne peut pas – être un retour au statu quo d'avant le 15 avril", quand les deux généraux aujourd'hui en guerre tenaient ensemble les rênes du pays après avoir limogé les civils à l'issue d'un putsch.

Molly Phee, la sous-secrétaire d'Etat américaine pour l'Afrique doit rencontrer mardi à Addis Abeba des responsables régionaux et soudanais. C'est dans la capitale éthiopienne que l'Igad a réclamé lundi d'"étudier un possible déploiement" de la Force est-africaine en attente (EASF) au Soudan "pour protéger les civils et garantir l'accès humanitaire", une action dont la réalité opérationnelle se heurte à de nombreux défis.

Le président kényan William Ruto, à la tête du Quartet, a réclamé en plus d'un cessez-le-feu sans condition, "une zone humanitaire, dans un rayon de 30 km autour de Khartoum, pour faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire", dont plus de la moitié des Soudanais ont désormais besoin pour survivre.

C'est sa présidence que l'armée soudanaise rejette. Elle accuse M. Ruto d'être du côté des FSR. Les FSR, elles, sont sous le feu des critiques des défenseurs des droits humains depuis près de trois mois. Car la guerre – dont le bilan très sous-estimé est de 3.000 morts et trois millions de déplacés et réfugiés – charrie son lot d'exactions.

Exécutés dans des écoles

Pillages, viols, exécutions sur base ethnique, de nombreux habitants de Khartoum et du Darfour, dans l'ouest frontalier du Tchad, ont fait à l'AFP le récit glaçant de la litanie des atrocités commises en majorité par les FSR selon eux.

Pour HRW, des dizaines de personnes ont été tuées et blessées quand "plusieurs milliers" de combattants des FSR et des tribus arabes ont attaqué fin mai la ville de Misterei au Darfour. Arrivés à l'aube sur "des pick-up, des motos et à cheval", ils ont "presque entièrement incendié" la ville de 46.000 habitants, selon HRW.

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Face à eux, des civils armés Massalit – l'une des principales ethnies non-arabe du Darfour – issus d'un groupe d'autodéfense local ont répliqué. "Les FSR et des tribus arabes ont exécuté sommairement au moins 28 Massalit", rapporte l'ONG. Des civils ont été pourchassés dans des écoles et des mosquées où ils avaient trouvé refuge. Les assaillants se sont rendus au moins huit fois dans des écoles à la recherche d'hommes qu'ils ont exécuté sommairement, selon des témoignages.

"Nombre de ces violations s'apparentent à des crimes de guerre", estime l'ONG, qui exhorte la CPI – qui enquête déjà sur les crimes commis au Darfour à partir du début des années 2000 – à se saisir de l'attaque de Misterei. "Ces tueries de masse et la destruction totale de Misterei prouvent le besoin d'une réponse internationale plus forte à ce conflit qui s'étend", plaide Jean-Baptiste Gallopin, chercheur à HRW.

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