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Au tour du ministre américain de la Justice de s'expliquer sur la Russie


Le président Donald Trump parle avec le ministre de la Justice Jeff Sessions, à Washington, le 15 mai 2017.
Le président Donald Trump parle avec le ministre de la Justice Jeff Sessions, à Washington, le 15 mai 2017.

Jeff Sessions est le prochain fidèle de Donald Trump dans la ligne de mire de l'enquête russe. Il sera questionné mardi au Sénat, en public, sur ses rencontres avec l'ambassadeur russe aux Etats-Unis.

L'audition aura lieu devant la commission du Renseignement, qui mène ses propres investigations sur la Russie, sur ses ingérences dans la campagne présidentielle et sur les contacts entre des membres de l'équipe de campagne de Donald Trump et Moscou.

Après quelques jours de flottement, Jeff Sessions a accepté de témoigner lors d'une séance publique, comme le réclamaient les démocrates, et non à huis clos.

L'Attorney general se voit reprocher de n'avoir pas dit, lors de son audition de confirmation au Sénat en janvier, qu'il avait rencontré deux fois en 2016 Sergueï Kisliak, l'homme de Moscou à Washington, dont les contacts avec le général Michael Flynn ont déjà coûté à celui-ci sa place de conseiller à la sécurité nationale.

Après la révélation de ces rencontres en mars, Jeff Sessions s'était récusé de l'enquête menée par le FBI, hiérarchiquement sous son autorité, sur les ingérences russes et les contacts entre des membres de l'équipe de la campagne Trump et la Russie.

A la surprise générale, le directeur limogé du FBI James Comey a raconté la semaine dernière lors d'une audition devant la commission du Renseignement du Sénat que de hauts responsables de la police fédérale et lui-même avaient auparavant acquis la conviction que Jeff Sessions serait in fine forcé de se récuser.

"Nous étions également au courant de faits, dont je ne peux pas parler lors d'une audition publique, et qui auraient rendu son implication dans l'enquête liée à la Russie problématique", a-t-il déclaré, stupéfiant le Tout-Washington.

Selon CNN, James Comey aurait confié ensuite aux sénateurs, lors d'une séance à huis clos, que Jeff Sessions avait rencontré Sergueï Kisliak une troisième fois en marge d'un événement de campagne à Washington en avril 2016, ce que le ministère de la Justice conteste.

Comey suspicieux

Malgré sa récusation, Jeff Sessions, ancien sénateur de l'Alabama, a signé en mai une lettre recommandant au président Trump de limoger James Comey, sous le prétexte initial qu'il avait mal géré l'enquête sur les mails d'Hillary Clinton... une explication qui s'effondra vite, Donald Trump ayant admis que sa décision était liée à l'enquête sur la Russie, nuage persistant au-dessus de sa présidence.

Jeff Sessions, qui siégea deux décennies au Sénat, devra également clarifier son comportement après que James Comey lui a demandé, en février, de s'interposer entre lui et le dirigeant républicain.

L'ancien chef du FBI a raconté qu'à la fin d'une réunion, le 14 février, Donald Trump avait fait sortir tous ses conseillers du Bureau ovale, y compris le ministre de la Justice.

"J'avais l'impression qu'il allait se passer quelque chose d'important", a relaté M. Comey. "J'avais le sentiment que le ministre savait qu'il ne devait pas partir".

Une fois seuls, M. Trump aurait demandé à M. Comey d'abandonner l'enquête sur Michael Flynn.

M. Comey a dit être allé voir Jeff Sessions le lendemain pour lui demander de ne jamais plus le laisser seul avec le président, afin d'empêcher toute interférence politique dans les investigations. Jeff Sessions n'a pas répondu, selon son récit.

"Je peux me tromper, mais son langage corporel semblait dire: qu'est-ce que je peux y faire?", a raconté l'ancien grand policier.

L'ancien sénateur républicain de l'Alabama ne pourra pas compter sur la bienveillance de ses anciens collègues.

"Si le ministère de la Justice est devenu un lieu politisé, c'est mauvais pour tout le monde. Je veux donc connaître le fin mot de l'histoire", a déclaré dimanche sur CBS le sénateur républicain Lindsey Graham, qui exhorte le ministre à s'expliquer aussi devant la commission de la Justice.

Avec AFP

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