"Le travail des hommes et des femmes du FBI continue quels que soient les changements de circonstances, quelles que soient les décisions", a déclaré le chef par intérim Andrew McCabe, ancien numéro deux, lors d'une audition au Sénat.
"Il n'y a eu aucune tentative d'entraver notre enquête à ce jour. On ne peut pas empêcher les hommes et femmes du FBI de faire ce qu'il faut, protéger les Américains et défendre la Constitution", a-t-il dit.
Plus tard, interrogé par un sénateur démocrate, il s'est engagé à ne pas informer le président Donald Trump ou la Maison Blanche sur le statut de ces investigations.
Et il a promis de prévenir le Congrès en cas de tentative du pouvoir d'intervenir dans l'enquête - qualifiée de "hautement importante" - alors même que la Maison Blanche tente d'en minimiser l'importance et appelle à tourner la page.
Au risque d'agacer le président, M. McCabe a rendu un hommage appuyé à M. Comey, soulignant qu'avoir été son adjoint avait été "le plus grand privilège et honneur de sa vie professionnelle".
"Je peux aussi vous dire que le directeur Comey était largement soutenu au sein du FBI, et le reste encore aujourd'hui", a-t-il dit, dans une cinglante réponse à la Maison Blanche, qui affirme depuis mardi que M. Comey avait perdu la confiance de ses agents.
Cette audition était la première apparition en public d'Andrew McCabe, qui a pris temporairement les rênes de la police fédérale au pied levé, en attendant la nomination et la confirmation d'un successeur à M. Comey.
L'audition devant la commission du Renseignement du Sénat, consacrée aux menaces mondiales, incluait aussi cinq hauts responsables du renseignement. M. Comey devait initialement y participer.
Trump furieux
Officiellement, le président américain a congédié le patron du FBI pour sa gestion de l'affaire des emails d'Hillary Clinton, comme il en a le droit, bien qu'il ait été nommé pour 10 ans par Barack Obama en 2013.
Mais l'opposition démocrate et plusieurs élus de la majorité républicaine, sans compter de nombreux experts et anciens responsables gouvernementaux, doutent à haute voix des motifs avancés par la Maison Blanche, soupçonnant une tentative d'étouffement ou du moins d'intimidation.
Le FBI enquête depuis l'été dernier sur les ingérences russes dans la campagne électorale, et notamment sur une éventuelle "coordination" entre des membres de l'équipe de campagne de Donald Trump et la Russie. C'est M. Comey lui-même qui a confirmé, en mars au Congrès, que le FBI s'intéressait à une éventuelle collusion.
Le président américain s'agace de voir chaque jour cette affaire alimenter la chronique médiatique et empoisonner le début de son mandat. Il a déjà été contraint de se séparer de son premier conseiller à la sécurité nationale, Michael Flynn, un personnage qui intéresse de près les enquêteurs en raison d'un voyage rémunéré à Moscou et de conversations avec l'ambassadeur russe à Washington.
Le ministre de la Justice, Jeff Sessions, chef hiérarchique du FBI, a dû se récuser dans l'enquête sur la Russie, car il a lui aussi rencontré l'ambassadeur russe l'an dernier.
Selon le Washington Post, Donald Trump était devenu de plus en plus furieux ces derniers jours chaque fois que l'affaire russe était mentionnée à la télévision, et a pris la décision le week-end dernier de se débarrasser du directeur Comey.
Au Congrès, l'opposition démocrate réclame la nomination d'un procureur spécial pour superviser l'enquête, mais aucun élu républicain ne soutient cette demande, qui a peu de chance d'aboutir sans pression de la part de la majorité.
Les démocrates cherchent à dépeindre un président cherchant à faire taire tout contradicteur au sein de l'administration.
"Je crains qu'il ne soit en train de créer une atmosphère dans laquelle les gens et les institutions auraient besoin d'un courage bureaucratique exceptionnel pour dire au président des choses qu'il n'a pas envie d'entendre", a regretté sur CNN Michael Hayden, ancien directeur de la CIA sous George W. Bush.
Avec AFP