Au petit matin, les bords du Lac Tchad ne sont pas silencieux. Au contraire. Dans le village de Tagal, on s’active pour nettoyer les poissons attrapés pendant la nuit. Les pêcheurs, des réfugiés nigérians, tentent de mener une existence similaire à leur vie d’avant. Avant les attaques de Boko Haram.
Okacha Seydu, 14 ans, est originaire de Doron Baga, village nigérian attaque par les jihadistes en janvier 2015. L’adolescent explique à VOA Afrique que sa vie d’avant lui manque : "Je suis un pêcheur et la vie ici n’est pas facile. J’ai des amis qui sont restes au Nigeria, ils me manquent."
Les réfugiés nigérians cohabitent pacifiquement dans ce village de Tagal où les habitants tchadiens leur louent les bateaux et les filets nécessaires pour pêcher.
Une location qui coûte cher puisque, en moyenne, il faut reverser un tiers de la pêche quotidienne au propriétaire du bateau. "On paie pour tout : pour aller pêcher, pour le filet, pour le bateau, etc. C’est dur ! Quand les conditions et la paix seront revenues, on rentrera au Nigeria", confie Mohamed Michael est autre un pêcheur nigérian.
Ce matin-là, sur sa pirogue, on croise aussi un colosse : Abacar Maïga. Avec son débardeur jaune, ce Malien originaire de Gao, explique à VOA Afrique qu’il a quitté son pays depuis les années 1990 pour exercer son activité de pêcheur. "Tout le monde sait pourquoi nous sommes là, c’est-à-cause de Boko Haram. Je suis un pécheur, au Mali, je ne pouvais pas pratiquer la pêche, donc je suis venu ici. Je n’ai pas d’autres sources de revenu, je ne vis que pour ça", dit-il.
Depuis les premiers attentats de Boko Haram en territoire tchadien à l’automne 2015, à Baga Sola, la sécurité s’est grandement améliorée dans la zone du lac Tchad et les habitants de Tagal savourent ce retour au calme.
Il est déjà 10h du matin ce jour-là à Tagal et les pêcheurs nigérians prennent leur repas avant d’aller dormir. Une nouvelle nuit blanche à pêcher les attend en fin d’après-midi sur le lac Tchad.