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Béchir défend les forces de sécurité après de nouvelles manifestations


Une station essence à Khartoum, Soudan, le 24 septembre 2013.
Une station essence à Khartoum, Soudan, le 24 septembre 2013.

Les forces de sécurité soudanaises ont à nouveau tiré dimanche au gaz lacrymogène contre les participants à une marche réclamant le départ du président Béchir, qui a rejeté toute responsabilité dans la mort de manifestants durant ce premier mois de contestation.

Depuis le 19 décembre, la vague de contestation au Soudan a fait 26 morts, dont deux membres des forces de sécurité, selon un bilan officiel. Des ONG internationales comme Human Rights Watch et Amnesty International ont elles évoqué 40 morts dont des enfants et du personnel médical, accusant les forces de l'ordre d'en être responsables.

Dimanche, des centaines de protestataires ont tenté d'organiser une marche vers le Parlement, à Omdourman, ville voisine de la capitale Khartoum.

Les manifestants scandaient "liberté, paix et justice", le principal slogan de la contestation populaire, et "chute, chute" (du régime), d'après un témoin. Ils ont été rapidement l'objet de tirs de gaz lacrymogènes par la police, selon la même source.

"Des manifestants se sont évanouis à cause du gaz lacrymogène, d'autres sont blessés", a indiqué dans un communiqué l'Association des professionnels soudanais, qui a organisé cette marche pour "donner un memorandum au Parlement appelant à la démission du président Omar el-Béchir".

Les manifestants ont ensuite tenu des rassemblements simultanés dans différents quartiers d'Omdourman, dans une tentative vaine de reformer la marche, selon un témoin.

A 19H30 GMT, les manifestations se poursuivaient encore dans trois différents quartiers d'Omdourman, a affirmé l'Association des professionnels soudanais, qui regroupe des médecins, des ingénieurs et des professeurs, et qui est à la tête de la contestation contre M. Béchir, au pouvoir depuis trois décennies.

- Manifestations à Khartoum -

Selon de nombreux observateurs, la contestation actuelle est devenue le plus grand défi posé au chef de l'Etat depuis son arrivée par un coup d'Etat soutenu par les islamistes en 1989.

Outre les manifestations à Omdourman, des témoins ont rapporté d'autres rassemblements dimanche dans le quartier de Buri, dans l'est de Khartoum --théâtre de heurts le 17 janvier-- et à Bahari, en banlieue nord.

La contestation a été déclenchée mi-décembre par une hausse des prix du pain et des médicaments, dans ce pays en plein marasme économique. Les manifestations se sont ensuite transformées en rassemblements quasi quotidiens appelant au départ de M. Béchir, 75 ans.

Au-delà de la baisse des subventions pour le pain, le Soudan fait face à un grave déficit en devises étrangères. Les habitants sont confrontés à des pénuries régulières d'aliments et de carburants, tandis que les prix de certaines denrées subissent une forte hausse.

Pour Khartoum, les Etats-Unis sont à l'origine des difficultés avec leur sévère embargo imposé pendant 20 ans au Soudan (1997-2017) qui interdisait au pays de mener des activités commerciales et des transactions financières à l'international.

Dimanche, Omar el-Béchir a par ailleurs assuré que les forces de l'ordre n'avaient tué aucun manifestant depuis le début du mouvement de contestation.

"Il y a certaines personnes (présentes) parmi les manifestants qui tuent les protestataires", a-t-il déclaré devant des partisans à al-Kurreida, dans l'Etat du Nil blanc (sud).

Un médecin, décédé jeudi à Khartoum lors de heurts entre la police et des manifestants, a été assassiné par "quelqu'un présent parmi les manifestants", a encore assuré le chef de l'Etat dans ce discours retransmis à la télévision.

Selon l'Association des professionnels soudanais, ce médecin a été tué "par balles". Dimanche, elle a en revanche admis avoir annoncé par erreur la mort d'un enfant lors d'un rassemblement jeudi à Khartoum.

La répression du mouvement par les autorités soudanaises a suscité des critiques à l'étranger.

Le fait que "les forces de sécurité soudanaises continuent d'utiliser la force létale contre des manifestants et des médecins" est "un scandale", a affirmé Sarah Jackson, directrice-adjointe d'Amnesty International pour l'Afrique de l'Est.

Cette ONG a rapporté de multiples raids des forces de sécurité dans des établissements médicaux, affirmant qu'elles avaient tiré des gaz lacrymogènes et à balles réelles à l'intérieur d'hôpitaux, et arrêté et frappé des médecins.

Omar el-Béchir avait précédemment imputé les violences à des "conspirateurs".

Le puissant Service national du renseignement et de la sécurité (NISS) a arrêté en près d'un mois des dizaines de leaders de l'opposition, de militants et de journalistes.

Des manifestations nocturnes sont prévues par l'Association des professionnels soudanais, dans la capitale et à Omdourman mardi et dans d'autres villes du pays jeudi.
Avec AFP

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