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Belgique : les nationalistes flamands refusent l'accueil d'une famille d'Alep


Des policiers contrôlent les passeports de deux hommes tentant de franchir la frontière franco-belge à Adinkerke, en Belgique, 24 février 2016.
Des policiers contrôlent les passeports de deux hommes tentant de franchir la frontière franco-belge à Adinkerke, en Belgique, 24 février 2016.

Le parti nationaliste flamand N-VA, principale formation de la coalition au pouvoir en Belgique, refuse malgré les injonctions de la justice l'octroi d'un visa humanitaire à une famille de la ville syrienne d'Alep, provoquant un tollé qui déstabilise le gouvernement de droite.

Le Premier ministre, le libéral francophone Charles Michel, au pouvoir depuis deux ans, a lancé vendredi un "appel au calme et au sang-froid", alors que les tensions se font croissantes, y compris au sein de sa majorité.

La polémique est née jeudi, lorsque le secrétaire d'Etat à l'Asile et la Migration, le N-VA Theo Francken, a annoncé qu'il refusait d'octroyer des visas humanitaires à la famille syrienne malgré une décision de la cour d'appel de Bruxelles condamnant l'Etat belge à le faire, sous peine d'astreintes de 4.000 euros par jour.

La famille syrienne, un couple et deux enfants de 5 et 8 ans, vit actuellement dans l'attente à Alep, alors qu'une famille belge de Namur (sud) est prête à l'accueillir.

M. Francken, partisan d'une ligne dure en matière d'asile et de migration, a indiqué qu'il allait introduire un pourvoi en cassation.

Mais c'est la virulente campagne de soutien lancée dans la foulée par le parti de M. Francken, la Nouvelle alliance flamande, qui a mis le feu aux poudres et provoqué le plus de réactions.

Plusieurs membres importants du parti, dont son chef et maire d'Anvers (nord), Bart De Wever, ont inondé les réseaux sociaux du hashtag #IkSteunTheo (Je soutiens Theo).

La formation indépendantiste et conservatrice, qui fait face à une remontée dans les sondages du parti d'extrême droite Vlaams Belang (l'Intérêt flamand), a appuyé son message de slogans au ton inhabituel en Belgique: "Pas d'astreintes et pas de juges coupés des réalités. Pas de papiers belges pour chaque demandeur d'asile dans le monde".

"Nous avons des gouvernants qui se vantent de ne pas respecter la loi", s'est indignée la présidente de l'Association syndicale des magistrats belges, Manuela Cadelli. "Nous sommes dans une ère post-démocratique. Et s'il n'y a pas un sursaut de la part de tous les humanistes, nous allons basculer dans la sauvagerie et la barbarie", a-t-elle affirmé.

La N-VA "s'en prend aux juges en général et les présente comme des adversaires politiques. C'est une attaque inacceptable envers notre Etat de droit", a déclaré le chef de l'opposition socialiste francophone et prédécesseur de Charles Michel, Elio Di Rupo.

Plus inquiétant pour le Premier ministre, deux partis flamands de sa coalition, les chrétiens démocrates du CD&V et les libéraux de l'Open VLD, ont estimé que l'attitude de la N-VA revenait à "nier l'Etat de droit".

Avec AFP

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