Comme Donald Trump, Benjamin Carson âgé de 65 ans n'a jamais exercé de mandat politique.
Issu des quartiers sinistrés de Detroit et Boston, il a affirmé, lorsque son nom a commencé à circuler pour ce poste, pouvoir "apporter une importante contribution, notamment pour rendre nos centres-villes attractifs pour tout le monde".
Donald Trump, pendant sa campagne, a fait une description presque apocalyptique des centre-villes américains, où vivent traditionnellement les classes les plus défavorisées et notamment les Noirs. Ben Carson estime lui qu'ils sont "dans un état déplorable".
Rival malheureux du milliardaire aux primaires du parti républicain, il parvient brièvement à l'automne 2015 à devancer l'homme d'affaires, stupéfiant observateurs et candidats, qui ne s'attendaient pas à voir remonter ce médecin languide et gaffeur, invisible dans les débats télévisés.
Mais une série de mauvais résultats lui font abandonner la course et il se rallie en mars au milliardaire.
Rêve américain
Son histoire personnelle est une déclinaison idéale du rêve américain. Il a grandi dans des quartiers pauvres de Detroit et Boston, élevé par une mère analphabète, mariée à 13 ans, qui a chassé son mari bigame de la maison.
A 14 ans, Ben Carson tente de poignarder un garçon. Si la lame du couteau ne s'était brisée sur la boucle de ceinture de sa cible, le républicain raconte souvent qu'il serait probablement en prison. "C'est la dernière fois que j'ai eu une crise de colère", soulignait-il en juin à Washington.
Le jeune Ben était mauvais élève, incontrôlable, un sale caractère. Mais sa mère le force avec son frère à lire deux livres par semaine. Les notes s'améliorent, Ben Carson devient élève modèle, est accepté comme boursier à la prestigieuse université Yale, avant de faire médecine à l'Université du Michigan et de rejoindre le grand hôpital Johns Hopkins de Baltimore, dont il dirige rapidement le service de neurochirurgie pédiatrique.
Il devient l'un des huit neurochirurgiens noirs dans le monde entier, raconte-t-il dans un livre en 2007.
L'opération qui le rend célèbre date de 1987 quand il sépare, assisté d'une équipe médicale de 70 personnes, deux frères siamois allemands âgés de sept mois attachés à la tête, une intervention de 22 heures, et une première mondiale car les deux bébés ont survécu.
George W. Bush lui accorde en 2008 la médaille de la Liberté, plus haute récompense civile américaine. Sa carrière médicale fait aussi l'objet d'un film en 2009, "Des Mains en or".
Contre le 'politiquement correct'
Ben Carson a déjà écrit quatre livres, d'ordre spirituel ou personnel, quand il prend sa retraite en 2013 pour se lancer sur le circuit conservateur.
Il devient un orateur très recherché des ultra-conservateurs. Sur scène, il arbore un fin sourire, son débit est doux, ponctué d'anecdotes, plaisanteries, et extraits de la Bible.
Toujours, il promeut la compassion et en revient à la responsabilité individuelle, une valeur qui l'amène à dénoncer l'Etat-Providence, qui maintient selon lui à dessein les gens dans la pauvreté.
Malgré ses manières d'église, le docteur Ben Carson cultive le "politiquement incorrect" et scandalise beaucoup à gauche par des déclarations provocatrices sur l'homosexualité, l'esclavage, l'Holocauste, les armes, la compatibilité de l'islam avec la Constitution américaine...
Cité un temps pour l'Education, il avait affirmé que les pyramides d'Egypte avaient été bâties par Joseph, le personnage biblique, pour stocker des céréales, et non pour servir de sépulture aux pharaons.
En 2013, il a aussi dit vouloir "rééduquer les femmes" sur l'avortement. C'est là aussi qu'il prononce une phrase qu'on lui reproche encore, à propos de la réforme du système de santé de Barack Obama: "Obamacare est vraiment, je pense, la pire chose qui soit arrivée à ce pays depuis l'esclavage. Et c'est, d'une certaine façon, de l'esclavage, car cela nous asservit tous à l'Etat".
Il a beaucoup de succès auprès du traditionnel électorat évangélique, où il devance le pas-très-pieux Donald Trump. Celui-ci a d'ailleurs répliqué en se demandant ce qu'était cette église des adventistes du septième jour, dont les Carson sont des fidèles.
Mais comme le milliardaire, Ben Carson profite du climat anti-establishment. "Je ne suis pas un politicien. Je n'avais aucune intention d'en devenir un. Je ne suis qu'un homme normal", disait-il en novembre 2015. Aujourd'hui, il est ministre.
Avec AFP