Les Jeux olympiques 2020 à Tokyo se sont terminés dimanche après une des quinzaines la plus extraordinaire dans l'histoire des jeux.
Les JO, reportés à 2021 à cause de la pandémie de covid-19, se sont déroulés d'une façon inédite.
Il y a eu d'une part des manifestations fréquentes des Japonais qui s'insurgeaient contre la tenue de grands rassemblements en pleine pandémie compliquée davantage par la variante Delta plus contagieuse.
D'autre part, ces JO ont permis de déclenché une nouvelle conversation sur la santé mentale des athlètes.
"L'essentiel pour ces Jeux, c'est qu'ils se sont tenus", souligne Yacouba Ouedraogo, présentateur de Sporama à VOA Afrique.
"C'était un des plus difficiles Jeux olympiques de l'histoire d'une perspective de la santé mentale", renchérit Sonny Young, présentateur de Sonny Side of Sports à la VOA.
Alors que les circonstances n'étaient pas idéales, "Il y a des motifs de satisfaction, même s'il y a, quand même, les déceptions", précise M. Ouedraogo.
Des hauts et des bas
Au final, les athlètes africains ont terminé ces JO avec 37 médailles, soit neuf de moins qu'aux Jeux de Rio de Janeiro, au Brésil, en 2016, année record pour les médaillés africains.
Parmi les médaillés, le Kenya vient en tête du peloton africain, avec dix médailles, soit près d'un tiers des succès africains à Tokyo. Les Kenyans ont raflé la mise au marathon, où ils ont remporté la médaille d'or aussi bien chez les hommes avec Eliud Kipchoge que chez les femmes avec Peres Jepchirchir.
Pour l'Ouganda, les JO de Tokyo étaient de loin les meilleurs: quatre médailles amassées, dont deux en or. Un exploit quand on sait que les athlètes ougandais étaient rentrés bredouilles de Rio. En fait, il faut remonter jusqu'en 2012 à Londres pour voir un Ougandais monter sur le podium.
Exploits inédits
Au-delà du décompte des médailles, les Jeux à Tokyo étaient pleins de triomphes pour les athlètes africains.
Ahmed Hafnaoui, nageur tunisien de 18 ans, a fait son entrée sur la grande scène de la natation olympique à Tokyo, gagnant la médaille d'or dans la nage libre de 400 m, étourdissant ses concurrents et... lui-même. C'était la cinquième médaille d'or pour la Tunisie dans l'histoire des Jeux olympiques.
Hugues Fabrice Zango a livré sa toute première médaille olympique au Burkina Faso, au même jour où au Burkina, à milliers de kilomètres de Tokyo, on célébrait la fête de l'indépendance. Zango a gagné une médaille de bronze dans le triple saut avec un saut de 17,47 m.
Quant au Kenyan Kipchoge, il devient le premier athlète à conserver la médaille d'or du marathon à deux JO consécutifs depuis 1980.
Les athlètes africaines excellent
La Sud-Africaine Tatjana Schoenmaker, qui évolue aussi dans la natation, a remporté la médaille d'or dans la nage de brasse 200m. Au passage, elle bat le record mondial.
La sprinteuse Christine Mboma, 18 ans, ramène au pays une médaille d'argent du 200 mètres, la toute première médaille obtenue par une femme de Namibie.
"Les femmes africaines ont été vraiment exceptionnelles à ces Jeux, et c'est une bonne chose", a commenté Sonny Young.
Avec 18 médailles remportées, les athlètes africaines ont quasiment rattrapé leurs homologues masculins qui ont obtenu 19 médailles. Le Kenya, l'Ethiopie, et l'Egypte ont trouvé la parité totale entre médaillés hommes et femmes.
Les médailles qui ont été remportées par l'Afrique du Sud, le Nigeria, et la Côte d'Ivoire sont toutes autour des cous des athlètes féminines.
Controverses et déceptions
La controverse a entouré quelques athlètes africaines. La sprinteuse sud-africaine Caster Semenya n'a pas eu l'occasion de concourir car le Comité international olympique (CIO) lui reproche d'avoir des niveaux de testostérone trop élevés.
Les Namibiennes Beatrice Masilingi et Christine Mboma étaient elles aussi frappées par ces règles, interdites d'entrer en compétition dans le 400m.
"Les gens dénoncent cette mesure qui est impersonnelle et s'applique à tout le monde, mais dans les faits qu'on observe, s'applique beaucoup plus aux athlètes africaines", observe Yacouba Ouedraogo. "C'est dommage, parce qu'elles n'ont pas décidé d'avoir ce niveau élevé de testostérone— c'est la nature qui a voulu qu'elles soient comme ça".
Les JO pas complètement joyeux
Malgré les triomphes, ces JO "n'était pas complètement joyeux", rappelle Sonny Young, à cause du contexte sanitaire et émotionnel complexe émanant de la crise de covid-19.
Comme le rappelle si bien Dr Justine Laure Mengueme, psychiatre à l'hôpital Jamot de Yaoundé au Cameroun dans un entretien avec la VOA, la préparation est à la fois physique et psychologique.
Avec les tests réguliers et obligatoires aussi bien pour les athlètes que pour le personnel, le port obligatoire des masques faciaux, et la distanciation physique, parmi tant d'autres restrictions, les participants ont eu besoin de naviguer plus d'obstacles que d'ordinaire.
"Tous les athlètes sont venus aux JO avec leurs expériences [de la pandémie] qui peut affecter leur état d'esprit", explique Mohamadou Houmfa de la VOA, spécialiste de la santé.
C'était le cas notamment de l'Américaine Simone Biles, gymnaste de renom, qui a dû se retirer des finales par équipes et de presque tous les événements individuels pour des raisons de santé mentale.
"La santé mentale des athlètes est une question importante pour le CIO", selon Mark Adams, porte-parole du comité.
Le fait même que les Jeux se sont tenus à huis clos, sans spectateurs à cause du coronavirus, pouvait déjà en soi constituter une source de stress, explique Mohamadou Houmfa.
"Pour ceux qui aiment la foule, le manque des spectateurs est une démotivation. De l'autre côté, le manque des spectateurs peut réduire la pression pour ceux qui sont intimidés, comme les athlètes très jeunes", conclut-t-il.