Le contenu de ces deux coups de fil, passés à deux heures d'intervalle le 25 février 2011, ont été remis par Tony Blair à la commission des Affaires étrangères après son audition dans le cadre d'une enquête parlementaire le 11 décembre.
Lors de ces deux conversations, à son initiative, Tony Blair dit à Kadhafi, en parlant du leader libyen à la troisième personne: "s'il existe un moyen de partir, il devrait le faire maintenant. Il faut qu'il montre qu'il accepte le changement et qu'il se retire pour que ce changement s'opère sans violence".
"Si vous avez un endroit sûr où vous rendre, vous devriez y aller car ceci ne va pas se terminer sans violence", insiste-t-il, plus direct.
"Où doit-il aller? Il n'a pas de mandat", répond Kadhafi en parlant de lui à la troisième personne. "Je n'ai pas le pouvoir ou de mandat, je ne suis pas le président, je n'ai aucun poste à quitter", dit-il plus loin, alors qu'il fait face à une révolte populaire.
Au début de la première conversation, il affirme que son pays est "attaqué par des cellules dormantes d'Al-Qaïda en Afrique du Nord, similaires à celle aux Etats-Unis avant les attentas du 11 septembre" 2001. "Nous sommes confrontés à une situation de jihad", ajoute-t-il.
A la fin de la deuxième conversation, il demande à Tony Blair: "Laissez-nous tranquille, nous n'avons pas de problème". Il l'invite à plusieurs reprises à venir voir sur place qu'il n'y a "aucune violence en ce moment à Tripoli".
Il s'inquiète par ailleurs d'une intervention militaire internationale. "Pas du tout, personne ne le souhaite", lui répond Tony Blair. Le 17 mars, une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU autorisera le recours à la force contre les troupes gouvernementales libyennes pour protéger la population.
Lors de son audition du 11 décembre, Tony Blair avait estimé que la situation en Libye, plongé aujourd'hui dans le chaos et menacé par l'expansion du groupe Etat islamique, serait "encore pire" sans le renversement de Kadhafi, mort le 20 octobre 2011.
Avec AFP